Pour sa première soirée de contes, l’Alliance française de Toronto avait convié, le mercredi 30 octobre, Nadine Walsh, conteuse émérite originaire de Chicoutimi, venue présenter « Sur les traces d’Ojé-Maskwa ». Celle qui cherche à prendre contact avec ses racines à travers ses contes a livré une prestation inspirée, donnant vie à ses personnages avec une force physique brute. Elle commence par parsemer la galerie Pierre-Léon de quelques gouttes d’essence de pin, histoire de mettre immédiatement le public dans une ambiance très nature. Car c’est bien la nature qui est au centre du spectacle, personnage à part entière des contes de Nadine Walsh. « J’ai été marquée par toutes les promenades dans les bois avec ma mère quand j’étais plus jeune, explique l’artiste. Elle me disait toujours que la forêt était son temple. Je crois que c’est de là que vient mon attachement à la nature. »

Et la conteuse d’emmener les spectateurs au fond des bois, suivant des empreintes géantes, guidant tout ce petit monde vers le Grand Nord, sur les traces d’Ojé-Maskwa, la première ourse, mère de toutes les mères selon la légende.

Nadine Walsh conte l’histoire du Grand Manitou, « celui qui manie tout » dixit la conteuse, le responsable de toute chose, qui s’ennuie ferme, seul sur son grand tapis de velours noir. Il décide alors d’aller voir à l’intérieur de lui-même, dans l’espoir d’y trouver quelque chose d’intéressant. D’un souffle, il sort tour à tour le soleil, la lune, la nature et tous les êtres. Il demande alors à son fils Wesso Kéchak d’aller voir si les êtres sur Terre se portent bien. Il y rencontrera la sublime ourse Olé-Maskwa, avec qui il fusionnera, leur union donnant naissance à un garçon ours et à une fille femme. La fille, plus tard, fusionnera avec son père. Leur union incestueuse créera la race humaine, ce qui, de fait, fait d’Olé-Maskwa la mère de toutes les mères.

Nadine Walsh a beau avoir commencé le récit en disant que le Grand Manitou était seul avant de faire apparaître un fils venu de nulle part, l’anachronisme est ici permis. C’est cela aussi, la beauté des histoires contées par cette diplômée en arts dramatiques de l’Université du Québec à Montréal : pouvoir jouer avec le temps, étendre l’espace, faire parler les animaux.

Un véritable voyage dans la mythologie amérindienne, une ode à la Nature et aux esprits d’antan, doublée d’une galerie de personnages hauts en couleur : voilà ce qu’a offert, de voix de maître, Nadine Walsh aux chanceux venus s’évader le temps d’une superbe soirée à l’Alliance française.

Photo : Nadine Walsh