Un budget de 16,5 millions de dollars sera alloué pour améliorer les services universitaires en français dans la région de Toronto. Le Collège universitaire Glendon devrait jouer un rôle central dans la distribution de ce plan, mais il ne sera pas amené à être une université indépendante.

Les ministres Brad Duguid et Madeleine Meilleur ont annoncé, le jeudi 24 octobre au Collège Glendon de l’Université York, la dotation d’une somme rondelette pour l’éducation en postsecondaire en français dans le sud-ouest de l’Ontario. Il est vrai que la région souffre d’un déficit de services universitaires en français, alors même que la part de la jeunesse y est la plus importante chez les francophones, par rapport aux autres régions. Un déficit qui pourrait être en partie comblé par ce plan. Comme l’ont rappelé Brad Duguid, ainsi que le président de l’Université York, Mamdouh Shoukri, il est estimé que près de la moitié de la population francophone de l’Ontario vivra dans le Centre-Sud-Ouest d’ici 2020.

Le plan proposé est donc une bonne nouvelle pour les acteurs de l’université en français, même s’il n’est pas une finalité. Le but étant la création d’une université francophone à Toronto, université qui pourrait être Glendon. Mais le chemin est encore long.

Parfois, certains signes valent mieux que de longs discours. Derrière les intervenants de la cérémonie, l’Université York avait installé deux immenses panneaux rouges à son nom, et un seul pour Glendon. Le ton était donné : York, université anglophone, n’est pas prête à renoncer à sa domination sur le seul collège universitaire de la région de Toronto à offrir des services en français. Pourtant, nul doute qu’il en a été question, et qu’il en est encore question. Après tout, la création d’une université indépendante dans le Sud-Ouest est l’une des dernières recommandations du commissaire aux services en français, François Boileau. De plus, si l’Université d’Ottawa est indépendante, c’est également le cas de celles de Hearst et de la Laurentienne.

D’ailleurs, de tous les discours entendus ce jour-là, le seul qui a retenu l’attention des dizaines de personnes venues assister à l’événement est celui d’Alain Dupuis, coordonnateur général du Regroupement étudiant franco-ontarien. Avec beaucoup de diplomatie, il a félicité et remercié « de tout son cœur » les « politiciens », tout en insistant sur la nécessité d’arriver un jour à l’autogestion des organismes universitaires francophones. À la fin de la cérémonie, c’est vers lui que le public se pressait le plus pour le féliciter de son éloquence et de sa hardiesse, et lui promettre un bel avenir de leader communautaire.

Dans la soirée, le commissariat aux services en français envoyait un communiqué abondant dans le sens d’Alain Dupuis. Si le commissaire « félicite le gouvernement d’avoir déposé ce plan d’action » qui permettra aux étudiants du Sud-Ouest de continuer leurs études en français dans la région, il note qu’il « fait abstraction de la question de la gouvernance par les francophones, qui s’avère pourtant cruciale pour assurer la protection des programmes en français actuels et leur développement. De fait, le Collège Glendon n’a actuellement aucun pouvoir de décision réel dans la création de nouveaux programmes en français sans le consentement de son université de tutelle, l’Université York. »

Bref, la communauté envoie un « bien mais peut mieux faire » au gouvernement. Alain Dupuis parle de deux étapes dans la construction universitaire francophone : la mise en place et l’accès à des programmes en français, et leur administration par les francophones. La première étape est sur de bons rails. Reste à engager la seconde.

Photo : De gauche à droite : Pierre Riopel (Collège Boréal), Lise Bourgeois (La Cité collégiale), Kenneth McRoberts (Collège Glendon), Brad Duguid (ministre de la Formation et des Collèges et Universités), Mamdouh Shoukri (Université York), Alain Dupuis (REFO), Madeleine Meilleur (ministre déléguée aux Affaires francophones), Paul C. Genest (sous-ministre délégué aux Affaires francophones), Pierre Ouellette (Université de Hearst) et Janine Griffore (sous-ministre adjointe au ministère de l’Éducation)