La conférence organisée le 12 septembre 2013 dans le cadre de la session intitulée « Planification stratégique » du Réseau de soutien à l’immigration francophone du Centre-Sud-Ouest fut structurée en deux parties distinctes : la matinée fut consacrée aux « réformes fédérales : une analyse exhaustive des changements législatifs et réglementaires, des décrets et des instructions ministérielles promulgués entre 2006 et 2013 », s’ensuivit un débat d’une heure environ autour des « impacts de ces réformes sur la communauté francophone de l’Ontario ». Et une seconde partie, qui se déroula l’après-midi, orientée autour d’un dialogue sur les « orientations stratégiques 2013-2018 ».

Des représentants d’organismes communautaires, de conseils scolaires et de plusieurs ministères ont pris part aux discussions. La première partie de la conférence fut centrée sur les différentes décisions prises par le ministère de l’Immigration entre 2006 et 2013. Cet état des lieux de l’immigration francophone du Centre-Sud-Ouest (CSO) permit de mettre en perspective, grâce à des données provenant de Statistique Canada du recensement de 2011, la situation précise des communautés francophones de la région. On y découvre ainsi que les francophones étaient 195 915 et qu’ils ne représentaient que 2,1 % de la population totale du CSO. D’ailleurs, l’un des principaux objectifs affichés par le Réseau de soutien à l’immigration francophone du CSO est de se doter d’une « stratégie en immigration pour les cinq prochaines années avec une cible de 5 % pour l’immigration francophone ». La cible de 4,4 % d’immigration d’expression française dans les communautés de la francophonie canadienne a été repoussée à 2023, car cet objectif n’a toujours pas été atteint.

Depuis 2008, les réformes du système d’immigration canadien, menées sous la houlette de Citoyenneté et Immigration Canada (CIC), ont apporté des modifications qui reposent sur les quatre piliers suivants : l’économie, avec un changement radical puisqu’aujourd’hui la devise est « on te choisit, car tu peux trouver un job au Canada », alors que précédemment le système fonctionnait suivant le principe « premier arrivé, premier servi », a souligné Matthieu Brennan, président de Brynaert, Brennan & Associé.e.s. et animateur de la conférence.

Le second pilier de ces réformes repose sur l’efficience, le CIC exerçant un contrôle plus serré pour améliorer l’efficacité de l’ensemble des opérations. Le troisième pilier étant l’accréditation des établissements et intervenants pour livrer des services aux immigrants. Enfin le quatrième pilier concerne la sécurité.

Le renforcement de la loi se constate notamment sur l’admissibilité au Canada qui est assujettie à deux nouvelles conditions obligatoires : parler une des deux langues officielles et posséder un diplôme équivalent à une attestation d’études au Canada. En outre, les conditions régissant la catégorie du regroupement familial sont resserrées. Les conditions de parrainage établissent un seuil plus élevé de revenus (72000 $ aujourd’hui), et étendent à 20 ans la période de caution des parrains (elle n’était auparavant que de 10 ans).

Plusieurs intervenants se sont interrogés sur les impacts de ces réformes, notamment sur les prestataires de services aux immigrants et les conseils scolaires concernés directement par les accréditations délivrées par le Ministère. On a même évoqué le fait que ces réformes auraient peut-être pour objectif de réduire les coûts, en particulier ceux des organismes chargés d’aider les nouveaux immigrants.

L’après-midi, un dialogue avec les différents partenaires présents dans la salle de conférence s’institua sur les « orientations stratégiques 2013-2018 du Réseau de soutien à l’immigration francophone du CSO de l’Ontario ».

 Les interrogations ont porté principalement sur le recrutement et la livraison de services. Des pistes de réflexion et des propositions intéressantes ont émergé, notamment les suivantes : « chercher d’autres moyens pour faire venir des francophones en Ontario, en se tournant peut-être vers les autres régions du Canada, comme le Québec » de « renforcer les liens avec les employeurs afin de mieux comprendre leurs besoins », ou encore « d’élargir le bassin avec d’autres pays francophones, notamment en Afrique ».

Enfin, une synthèse et une conclusion ont clos les activités de la journée à Hamilton. Une session, riche en informations et en échanges qui va se poursuivre dans les prochaines semaines par des « échanges téléphoniques, des rencontres avec les différents partenaires et un échéancier établi pour le début ou le milieu du mois de novembre », a conclu Alain Dobi, le directeur du Réseau.

Photo : Des représentants de divers organismes du Centre-Sud-Ouest étaient présents.