Si vous marchez du côté des rues St. Clair et Yonge, ne vous étonnez pas de passer devant des promeneurs le nez en l’air. Et comment ne pas rester bouche bée devant l’œuvre haute de huit étages de l’artiste Phlegm?
Cette peinture murale monumentale a demandé pas moins d’un mois de travail à l’artiste reconnu mondialement. Royale, elle surplombe aujourd’hui l’avenue St. Clair.
L’organisation STEPS Initiative est à l’origine du projet. Cette dernière a été commissionnée par le programme municipal StreetARToronto (StART) et les promoteurs immobiliers propriétaires de l’édifice, pour embellir l’intersection.
Agée tout juste de cinq ans, STEPS réalise là l’un de ses plus grands projets autant dans l’échelle que dans le temps de mise en œuvre (neuf mois).
« STEPS se concentre sur la communauté. Le but est d’intégrer la communauté dans un projet d’art public, explique Anjuli Solanki, directrice des programmes communautaires. Le but est de s’engager. »
Pour réaliser cette murale, hymne à Toronto, STEPS se tourne vers l’artiste anglais Phlegm, pour son style unique, très différent de ce qui se fait dans la Ville reine.
Phlegm (comprendre donc « phlegme » en français) vient de l’une des quatre humeurs de la médecine antique qui déterminaient les quatre tempéraments fondamentaux. Le phlegme crée le flegmatique, le calme – à la limite de l’apathique.
Pourquoi ce choix de nom? Difficile à dire. L’artiste anglais, basé à Sheffield, est bien mystérieux. Si son visage n’est pas connu, ses œuvres, elles, le sont alors que l’artiste s’est imposé dans le monde de l’art urbain.
C’est en position fœtale qu’un corps haut de huit étages se présente aux yeux des passants. À se rapprocher, le spectateur découvre une multitude de monuments symboliques de la Ville reine qui grouillent tel un écosystème. La tour du CN, le Musée royal de l’Ontario, ainsi que certains immeubles des alentours proposés par les habitants du quartier et que l’artiste a intégrés à la création. Toronto prend vie sur les murs.
« Le thème est que la ville est faite des millions de personnes qui habitent cette ville et qui l’ont habitée », note Anjuli Solanki.
Pour STEPS, ces initiatives permettent d’engager la communauté dans son propre espace en impactant le décor urbain, mais aussi en démocratisent l’art en cassant la barrière entre la création de l’œuvre et le public. Une initiative applaudie par le quartier qui profite aujourd’hui d’un environnement urbain où l’art et la créativité se sont invités.
Laurence Stenvot