Le commissaire aux services en français, François Boileau, a présenté son rapport annuel intitulé « Une nouvelle approche » lors d’une conférence de presse tenue le mercredi 5 juin dans la salle de presse de l’Assemblée législative.

Depuis six ans qu’il est en poste, François Boileau a fait 46 recommandations au gouvernement ontarien. Et s’il dit que la plupart ont été suivies, il n’empêche que l’année qui vient de s’écouler n’a pas été propice à la prise de décision politique. Avec une prorogation du parlement à l’automne, puis une élection qui a finalement débouché sur un gouvernement minoritaire, les décisions gouvernementales ont été rares. On peut penser, par exemple, à la recommandation du commissaire de l’an dernier qui conseillait de donner à son poste son indépendance par rapport au ministre délégué aux Affaires francophones pour le mettre sous l’autorité du parlement. Une idée à laquelle la ministre Meilleur était plutôt favorable, mais qui n’a pas été suivie cette dernière année.

Ce qui frappe, avec ce rapport annuel, c’est sa faible épaisseur. C’est d’ailleurs ce qu’a remarqué France Gélinas, députée de Nickel Belt et porte-parole du NPD pour les Affaires francophones. Présente lors de la conférence de presse, elle a déclaré que « c’est le rapport le plus sobre et le plus modeste depuis six ans que M. Boileau occupe son poste ». Pour autant, elle précise que « les enjeux du rapport sont très importants. Je souhaite dépolitiser le français en Ontario. Je souhaite que le français en Ontario soit normal, car cette normalité correspond à l’esprit de la Constitution. Cela touche le cœur et l’âme de notre pays. »

Le rapport insiste très largement sur « les populations précarisées », celles-ci étant « moins enclines à porter plainte », ce qui ne signifie évidemment pas que leurs droits linguistiques soient respectés. « Une combinaison de signalements officieux et de constats internes » portent à croire que ces populations ne sont pas desservies selon « l’esprit et la lettre » de la Loi sur les services en français par le gouvernement et ceux agissant en son nom.

Par le terme de « populations précarisées », le commissaire entend les plus démunis, les immigrants, les malades (notamment du VIH), certains LGBT, ou encore les prisonniers. Il a par ailleurs rendu hommage à deux personnalités francophones présentes : Léonie Tchatat de La Passerelle et Jean-Rock Boutin, vice-président fondateur d’Action Positive. Mme Tchatat a déclaré : « Nous accueillons favorablement ce rapport. Les populations immigrées sont deux à trois fois plus frappées par une situation de faible revenu que les populations francophones nées ici. »

« Ce rapport essaye de répondre à une situation de fond plutôt qu’à une actualité. C’est parce que le commissaire connaît bien son dossier qu’il fait des recommandations sur les personnes fragiles », a fait valoir Mme Gélinas, qui a indiqué bien connaître le sort des détenus francophones, qui ne bénéficient d’aucun service (notamment de réinsertion) en français.

Le commissariat a fait savoir qu’il lançait son site internet en même temps que son rapport. On peut notamment y trouver ce dernier, dans une version « interactive ».

En sortant de la salle de presse, M. Boileau a été chaleureusement remercié par quelques personnes présentes. Jean-Rock Boutin lui a lancé un vibrant hommage : « Tu es notre porte-voix à nous, les plus vulnérables, les plus défavorisés! »

Photo : François Boileau