La bicyclette s’accommode à de multiples situations. On peut bien entendu se rendre au travail, faire ses courses, se balader une journée avec des amis et même partir en vacances à bicyclette. Mais comme purent le constater les visiteurs du 5e Bikefest, festival de la bicyclette organisé tous les ans par le magasin de plein air Mountain Equipment Coop (MEC), la bicyclette peut même s’avérer être utile dans des circonstances encore plus insolites. Un vélo peut aussi servir à préparer la nourriture ou écouter de la musique. Certains se prêtent même à rêver de faire la lessive et pourquoi pas de voler…
« Bikefest fait partie de notre mission d’encourager les Canadiens à prendre part à des activités de plein air saines et sécuritaires », explique Sean McSweeney, gestionnaire du magasin MEC à Toronto. Il constate que l’événement ne cesse de croître depuis sa création. Cette année, Bikefest s’était installé dans le parc Trinity Bellwoods.
Asheda Dwyer se rend au travail à bicyclette tous les jours depuis le quartier de Keele et Eglington jusqu’au centre-ville. Elle est venue à Bikefest et en profite pour faire ajuster les freins de son vélo. Les bénévoles de l’organisme Bike Sauce, une coopérative qui met à la disposition des cyclistes les outils et l’expertise d’une cinquantaine de membres bénévoles pour effectuer les réparations soi-même, sont tout heureux de lui montrer comment faire. Alain Deschamps, un Mont-réalais récemment installé à Toronto, explique qu’il existe au moins une dizaine de ces associations à Montréal et plusieurs dans la plupart des autres grandes villes canadiennes.
La piste cyclable qui longe les bords du lac Ontario et du Saint-Laurent, un parcourt qui s’étend sur plus de 700 km de la frontière avec le Québec aux chutes du Niagara, offre un cadre idéal pour effectuer de belles balades d’une journée ou plus. Vicki Barron, membre de la direction du Waterfront Regeneration Trust, un organisme chargé de l’aménagement et de la protection de la zone riveraine, est ravie d’annoncer que la piste va poursuivre le long du lac Érié jusqu’à Windsor dès le mois d’août prochain. Le sud de l’Ontario offrira alors un cordon cyclable de 1400 km ainsi qu’un point de jonction à son extrémité Est avec le réseau québécois La voie verte.
L’Ontario tente d’ailleurs de suivre l’exemple du Québec et de développer des circuits à vélo dans la plupart de ses régions. À titre d’exemple, l’île Manitoulin organise les 8 et 9 juin prochains un périple de deux jours et offre même aux participants un passage gratuit à bord du traversier pour se rendre sur l’île. Le service de transport GO affrète un train spécial pour les bicyclettes entre Toronto et les chutes du Niagara durant les mois d’été. Selon Robert Pylypiw de Welcome Cyclists Network, un organisme chargé d’encourager les régions à développer une infrastructure routière et hôtelière pour accueillir les cyclotouristes, l’Ontario accuse encore un retard d’environ 20 ans vis-à-vis de la Belle Province dans ce domaine.
C’est aussi bien agréable de faire du vélo en groupe. Le club Toronto Bicycle Network propose des sorties pour débutants ou cyclistes aguerris tous les week-ends. Ed Weiss explique que ce club torontois propose également des rencontres sociales et éducatives à ses membres.
Pour d’autres, la bicyclette peut prendre une toute autre dimension. Saviez-vous cependant qu’un vélo peut vous aider aussi à moudre la poudre de cacao? Mathieu McFadden, francophone et artisan chocolatier, n’hésite pas à enfourcher son vélo pour démontrer comment ChocoSol, une compagnie qui importe du cacao mexicain sur une base de commerce équitable, mout et livre le chocolat à la force des mollets.
Pensez-vous qu’il soit possible d’écouter de la musique grâce à un vélo? Geneviève Demerchant pédale pourtant bien sur son vélo stationnaire et produit l’énergie nécessaire pour faire marcher sa sono et par la même occasion recharger son téléphone portable. Elle explique qu’au début du mois de septembre un festival de musique (Bicycle Music Festival) invite le public à se déplacer en vélo d’un petit concert à un autre à travers la ville.
Le vélo peut aller jusqu’à susciter une vocation artistique. Karyn Climans confectionne des housses de casques toutes plus originales les unes que les autres pour garder la tête au chaud durant les mois d’hiver. Elle décida de fonder sa compagnie Tail Wags alors qu’un casque lui sauva la vie lors d’un grave accident de ski. Depuis, elle ne cesse d’encourager adultes comme enfants à se protéger la tête quand ils font du vélo.
Que faire des vielles pièces de vélo dont on ne se sert plus ?
Alberto De Ciccio, francophone originaire de Sept-Îles, fait preuve d’une imagination débordante en créant des objets décoratifs à partir de morceaux de bicyclette recyclés. Alberto compte même voler sur son dernier prototype de vélo, projet un peu fou auquel il est en train d’apporter les dernières touches dans son garage. Avis aux amateurs de sensations fortes!
photo : Vicki Barron présente la piste cyclable qui relie Windsor à Québec.