Le Métropolitain

Jacques Charette, installé à Toronto depuis 1992, était autrefois propriétaire des boutiques Condom Shack et Sensoria. Mais en 2005, ses affaires ont été ébranlées par les conséquences économiques des attentats du 11 septembre à New York.

« J’avais une compagnie de distribution qui fournissait des produits spécialisés Aromatica aux États-Unis et dans les Caraïbes. Après le 11 septembre, les Américains ont cessé d’acheter des produits canadiens et les compagnies qui me devaient de l’argent n’ont pas remboursé leurs créances. Mes flux de trésorerie se sont effondrés et tout s’est écroulé pour moi », raconte M. Charette.

Déjà très impliqué dans la communauté francophone de Toronto — organisateur des soupers Francofun, des soirées homard et des croisières, ainsi que des mercredis Francofun — il a cherché un moyen de continuer à vivre et travailler en français dans la Ville reine.

À l’époque, Francophonie en Fête venait de présenter sa première édition, en août 2005, à Place Ontario. Mais la période estivale compliquait la participation, la communauté étant souvent en vacances.

« Les initiateurs étaient Michael Murphy et son fils Steve. Michael est décédé depuis et Steve dirige maintenant une entreprise de produits promotionnels », se souvient-il. La première édition avait été ambitieuse mais déficitaire, et le festival n’a pas eu lieu en 2006.

C’est alors qu’Annie Dell, du RDÉE Ontario, a recommandé Jacques Charette au conseil d’administration pour prendre la relève. Il a été nommé directeur général en janvier 2007 et, depuis, a progressivement fait croître l’événement jusqu’à sa 20ᵉ édition.

Depuis 19 ans, M. Charette et une poignée de bénévoles travaillent chaque année à offrir une programmation francophone riche et variée. « Mes meilleurs moments ont été les spectacles de Robert Charlebois, La Compagnie créole, Jean-Pierre Ferland, Les Cowboys Fringants et, plus récemment, Claude Dubois. Ces prestations sont la cerise sur le sundae », confie-t-il.

L’installation du festival sous le Bentway a transformé l’événement en un véritable « petit village francophone ». Tables de pique-nique, espace jeunesse, restaurateurs et une vingtaine d’exposants offrent aux visiteurs la possibilité de rester toute la journée.

Malgré ses succès, M. Charette garde les pieds sur terre. « Nous voulons devenir le plus grand festival francophone de l’Ontario, mais le Festival Franco à Ottawa est difficile à battre. À Toronto, notre objectif est d’être comparable aux grands festivals multiculturels, d’intéresser les anglophones et de mettre en vitrine le meilleur de la francophonie », explique-t-il avec un sourire.

Le directeur général rêve aussi d’une équipe permanente à plein temps, mais reconnaît qu’il est probable qu’il ne fasse pas partie de cette prochaine étape. « Après 19 ans, je souhaite laisser la place à quelqu’un qui aura la vision et l’énergie pour faire grandir le festival. Je veux que cette personne puisse amener Francophonie en Fête à un niveau supérieur », conclut Jacques Charette.

Photo : Jacques Charette