Jean-François Gérard
La Société d’histoire de Toronto (SHT) a démarré sa saison 2024-2025 de conférences avec une figure connue. Danièle Caloz, membre fondatrice de la SHT qui fête ses 40 ans, était de retour dans la métropole le mercredi 9 octobre à l’Alliance française pour parler de la nostalgie.
L’historienne et documentariste a choisi la figure d’Heidi pour introduire ce thème. Un sujet « qui concerne particulièrement le Canada parce que c’est un pays d’immigration », explique-t-elle. Elle en sait quelque chose puisque la Suissesse a elle-même vécu 50 ans à Toronto avant de retourner récemment dans son pays natal.
Très documentée, la conférence traite de plusieurs domaines. Le fait qu’au début c’est un mal « que l’on diagnostique surtout dans le domaine militaire », puis la question de l’émotion suscitée et enfin la part de nostalgie dans les migrations.
L’histoire d’Heidi, une fillette orpheline des Alpages suisse qui ne se fait pas à la vie de la ville et doit retourner dans les montagnes pour guérir, n’est finalement qu’une introduction au sujet et un trait d’union avec les origines de la conférencière. La présentation commence donc sur cette « nouvelle maladie officiellement annoncée à la fin du XVIIe siècle », après des siècles de guerre en Europe et qui permet à des soldats de rentrer chez eux.
Au Canada, cette « maladie » s’observe aussi à travers l’histoire du coureur des bois Thomas Verchères, qui connaît « une forte fièvre et une inflammation des jambes », qui lui donnent l’autorisation de rentrer à Boucherville. Mais « à mesure qu’il ramait vers Boucherville, ses douleurs aux jambes le quittaient », s’amuse l’oratrice.
Pour parler ensuite du sentiment des émotions liées à la nostalgie Danièle Caloz convoque alors une référence bien plus ancienne : L’Iliade et L’Odyssée d’Homère.
Enfin, la conférence s’achève sur la question des migrations. Là encore, le mal du pays est inhérent aux premières explorations du Canada. Dès 1606, « Samuel de Champlain décide de soutenir le moral de ses hommes en les nommant responsables de la chasse et des repas chacun à leur tour », raconte Mme Caloz.
Quelques siècles plus tard, « beaucoup d’immigrants francophones qui s’étaient établis dans les villes manufacturières du Massachusetts par exemple faisaient fréquemment l’aller et le retour vers le Québec », poursuit-elle.
Aujourd’hui, « il n’est plus nécessaire d’autant lâcher le pays natal », lorsque l’on émigre, remarque Danièle Caloz, entre les télévisions par satellite, les réseaux sociaux, la nourriture et les moments entre compatriotes.
La prochaine conférence de la SHT aura lieu le 13 novembre autour des soldats canadiens envoyés en Franche-Comté lors de la Première Guerre mondiale. D’ici là, des visites guidées (historitours) sont encore prévues avant l’hiver, la prochaine étant le samedi 19 octobre et portera sur « la pertinence des travaux publics ».
Photo (Crédit : J.-F. Gérard) : La conférencière Danièle Caloz