Lancement de la Semaine de l’immigration francophone.

Richard Caumartin

La Semaine nationale de l’immigration francophone sous le thème « Terre accueillante » a lieu du 5 au 11 novembre et, pour lancer les activités dans le Centre-Sud-Ouest, les Éditions Terre d’accueil, en collaboration avec le Réseau en immigration francophone et la Fédération culturelle canadienne française, a proposé une conversation littéraire le 5 novembre à l’Université de l’Ontario français.

Pour l’événement, un panel de trois auteurs issus de l’immigration Gabriel Osson, Christelle Davis et Didier Leclair, a répondu aux questions de l’animatrice Lamara Papitashvili sur la contribution des auteurs immigrants au rayonnement de la littérature francophone au Canada.

Comme première question, la modératrice leur a demandé si le Canada a été une terre accueillante pour eux et quels ont été les défis. Pour Christelle Davis, dont le mari est Canadien et qu’elle était venue rejoindre à Toronto, la réponse allait dans les deux sens. « Oui et non, parce que quand je suis arrivée ici avec mon anglais qui était un peu approximatif, j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui venaient de partout dans le monde et qui s’exprimaient aussi en français. Mais d’un autre côté, il a fallu un an avant que je puisse avoir ma résidence permanente alors ce n’était pas le bon moment pour se briser une jambe et quand tu arrives avec un statut de visiteur, tu n’as pas le droit de travailler. Donc avec la barrière de la langue, de l’emploi et du fait que tu n’as pas encore de cercle amical, ce n’était pas facile », raconte-t-elle.

Originaire de France, Christelle Davis a dû faire face à plusieurs défis, dont son intégration, et trouver ses repères tout en tournant la page sur son passé. C’est à la naissance de son enfant qu’elle a découvert les bienfaits de l’écriture.

« Tenir un journal m’a permis de traverser cette période d’adaptation de manière beaucoup plus sereine et m’a ouvert les yeux sur des perspectives », dit-elle. Aujourd’hui, elle anime régulièrement « des ateliers d’écriture pour partager cet outil transformateur, prisé des thérapeutes et des coachs ».

Pour Didier Leclair, le choc était grand à son arrivée alors qu’il rejoignait un oncle qui habitait à Toronto et la langue était pour lui un défi extraordinaire. « Le problème de la langue m’a isolé en quelque sorte, admet-il, pendant quelque temps. C’était un défi de pouvoir communiquer. Je suis arrivé extrêmement jeune aussi, à 19 ans, et je devais prendre ma situation en main, alors mon cousin m’a accompagné pour avoir une carte d’assurance sociale mais après cela, il a fallu trouver un boulot. Étant donné que je parlais plus français qu’anglais, c’était très difficile de dénicher un emploi. J’ai donc dû me débrouiller durant les trois premiers mois selon mes moyens, très modestes, pour apprendre à communiquer en anglais. J’ai finalement trouvé un travail dans un hôtel de Toronto pour remplir les frigidaires dans les chambres. Parfois, il y avait des visiteurs dans ces chambres et ils me posaient des questions, mais mon anglais était très vague, ce qui augmentent le stress à mon arrivée. L’autre élément choc a certes été l’aspect social. Venant d’Afrique où il fait beau toute l’année et où les gens se parlent partout dans les rues, ici c’est tout le contraire. Personne ne se parle, surtout en hiver, et c’était très difficile pour moi qui avait l’habitude d’avoir des contacts assez réguliers avec les gens. »

Quant à Gabriel Osson, il a raconté son arrivée à Montréal, où la difficulté au départ était de se situer dans l’environnement. « Comme je n’étais pas nécessairement venu ici pour rester, les défis sont venus plus tard. » Dans son recueil de poésie D’ici et d’ailleurs, il raconte son parcours célébrant ses origines haïtiennes, la transmission de la mémoire et ses perspectives d’avenir.

Les trois auteurs ont par la suite parlé de leurs œuvres littéraires et de ce qui les a inspirés. Bref, une conversation des plus intéressantes mettant en lumière la contribution importante des auteurs venus d’ailleurs.

Photo : Didier Leclair a raconté ses défis à son arrivée à Toronto. Assise sa droite, Christelle Davis.