Seulement deux années se sont écoulées depuis la dernière élection fédérale. Pour les chefs des trois principaux partis, l’objectif sera de solidifier leurs bases d’électeurs respectives acquises lors du dernier scrutin, de gagner de nouvelles circonscriptions et de calmer le mécontentement de la population qui ne voulait pas d’une campagne électorale alors qu’une quatrième vague de COVID-19 semble déjà bien entamée.

La région du « 905 » est devenue cruciale pour les partis en raison de sa spectaculaire explosion démographique. La densité de la population de chaque circonscription dans la région de Toronto oblige les chefs de s’y arrêter plusieurs fois durant les 30 jours de la campagne. La Ville reine et sa banlieue comptent une cinquantaine de circonscriptions, comparativement à 78 pour toute la province de Québec.

Dans la région du Grand Toronto (GTA), la majorité de l’électorat est composée d’immigrants. C’est le cas pour Markham (58,7 %), Richmond Hill (57,4 %), Mississauga (53,4 %) et Brampton (52,3 %), comme l’indique le dernier recensement. Il est important de mentionner que certaines de ces municipalités sont découpées en plus d’une circonscription électorale fédérale.

Stratégie libérale

Justin Trudeau espère, avec des élections le 20 septembre, regagner les circonscriptions qui ont échappé au Parti libéral lors du dernier scrutin. Une tâche qui s’annonce difficile avec une majorité de Canadiens mécontents de sa décision de retourner aux urnes en période de pandémie.

Le premier ministre a répété à maintes reprises qu’il était difficile pour son gouvernement minoritaire de faire adopter ses projets de loi et demande une majorité aux électeurs. Il vante le soutien de son gouvernement pour les citoyens durant la crise sanitaire et projette pour son troisième mandat un budget de 101 milliards $ pour la relance économique, répartis sur trois ans.

Parmi les promesses de ce budget, des services de garde à 10 $ par jour d’ici cinq ans, la prolongation des subventions d’urgence créées durant la pandémie, une relance économique verte et la bonification de la Sécurité de la vieillesse. Les personnes âgées de 75 ans et plus devraient avoir également reçu un chèque de 500 $ à la mi-août, soit quelques semaines avant l’élection.

Les partis de l’opposition mettent en garde les Canadiens alors que les libéraux augmentent encore plus le déficit déjà très élevé et ne planifient aucun retour à l’équilibre budgétaire.

Plateforme des conservateurs

Le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole propose au contraire un plan de retour à l’équilibre budgétaire échelonné sur 10 ans et martèle sur toutes les tribunes que son plan de relance économique prévoit récupérer un million d’emplois perdus durant la pandémie. Il l’appelle son « Plan de rétablissement ».

Sa plateforme électorale contient un plan d’action nationale pour la santé mentale et la création d’une réserve de produits essentiels en cas de nouvelles pandémies dont l’augmentation de la capacité de fabrication de vaccins au pays.

M. O’Toole est moins connu des électeurs à travers le pays et devra se défaire de certaines convictions conservatrices qui ont causé la perte de son parti lors des deux derniers scrutins.

Il a affirmé être en faveur du mariage gai et du droit des femmes à recourir à l’avortement, ce qui contraste grandement avec ses prédécesseurs. Il espère faire des gains au Québec et surtout dans le GTA où les libéraux sont dominants.

En 2019, les libéraux ont remporté 79 sièges en Ontario par rapport à seulement 36 pour les conservateurs. La majorité des 79 circonscriptions ontariennes remportées par l’équipe Trudeau se trouvent dans le GTA. La forte population immigrante de cette région vote traditionnellement pour les libéraux.

Plateforme néo-démocrate

Quant au Nouveau Parti démocratique (NPD), les résultats du scrutin de 2019 ont été très décevants pour le chef Jagmeet Singh, son parti ne pouvant faire élire plus que 24 députés à la Chambre des communes. Un net recul par rapport à l’élection précédente. Au Québec, un seul candidat a réussi à se faire élire alors que le NPD comptait 16 députés avant le scrutin de 2019.

Jagmeet Singh met l’accent sur les gains obtenus avec son appui au gouvernement minoritaire de Justin Trudeau. Il devra par conséquent se distinguer par rapport à l’approche libérale et le parti devra miser beaucoup sur la popularité de M. Singh, dont un récent sondage le place en deuxième position derrière Justin Trudeau comme meilleur premier ministre.

Une campagne intéressante

Bref, une campagne qui, malgré le fait qu’elle ait été lancée à un moment inopportun pour une majorité de Canadiens, sera intéressante à suivre. Dans le GTA, il y aura plusieurs nouveaux venus car le libéral Adam Vaughan dans Spadina-Fort York, le conservateur Peter Kent dans Thornhill, le libéral Navdeep Bains dans Mississauga-Malton, le libéral Gagan Sikand dans Mississauga-Streetsville et l’indépendant Ramesh Sangha dans Brampton-Centre ne se représentent pas cette année. M. Sangha a été expulsé du caucus libéral en janvier dernier. Les chefs des principaux partis viendront à plusieurs reprises, surtout dans les 10 derniers jours de la campagne électorale, courtiser les électeurs du GTA. Cette forteresse libérale donnera-t-elle encore le pouvoir à Justin Trudeau? Réponse le 20 septembre.