C’est tout chaud! L’auteur, documentariste, concepteur, metteur en scène et cofondateur du Théâtre La Tangente de Toronto, Claude Guilmain, vient d’être annoncé parmi les finalistes du Prix littéraire du Gouverneur général du Canada 2020, dans la catégorie théâtre, pour sa pièce AmericanDream.ca.

Pour rappel, cette année, l’habituelle annonce automnale des finalistes a été reportée au printemps pour cause de la COVID. Par ailleurs, à l’image d’un bon présage, Le Métropolitain était l’un des premiers supports médiatiques à avoir rencontré Claude Guilmain en novembre 2019, soit à peine quelques jours après la sortie de cette pièce aux Éditions l’Interligne sous forme d’une trilogie qui met l’accent sur les dérives du capitalisme à l’américaine, et ce, à travers le regard d’une famille canadienne. Quoi de plus naturel donc que d’accourir à sa rencontre une seconde fois dès qu’on a appris la participation de cet auteur à l’un des plus prestigieux prix littéraires du Canada!

Soufiane Chakkouche (SC) : Nous vous sommes rencontrés en novembre 2019, soit quelques jours après la sortie d’AmericanDream.ca. Vous attendiez-vous à cette époque à un tel succès? En d’autres termes, aviez-vous comme objectif d’atteindre les marches du prix du Gouverneur général lorsque vous avez commencé à écrire cette pièce?

Claude Guilmain (CG) : Je ne pense jamais à ce genre de chose. AmericanDream.ca a commencé simplement parce que je voulais écrire pour le comédien Pier Paquette.

SC : À ce propos, il vous a fallu plus de sept ans pour achever ce « travail », pourquoi cela a pris autant de temps? Était-ce laborieux à écrire?

CG : L’écriture d’AmericanDream.ca ne m’a jamais été laborieuse; ça coulait de source. C’est une trilogie qui s’est développée sur sept ans en se nourrissant de l’actualité politique et sociale. Les sept ans de travail sur AmericanDream.ca ont été une longue et agréable aventure de découvertes avec un groupe de créateurs exceptionnels. J’ai pris énormément de plaisir à faire la recherche nécessaire au développement de ce projet.

SC : Qu’avez-vous éprouvé à l’annonce des finalistes du Prix du Gouverneur général 2020 dont vous faites partie?

CG : C’est un très grand honneur d’être finaliste. Je ne m’y attendais pas du tout, ce qui ne m’empêche pas d’en être extrêmement fier.

SC : Place aux questions de fond, maintenant. L’histoire retrace le quotidien d’une famille canadienne, la famille Cardinal qui, en somme, voit le rêve américain à travers des yeux de Canadiens, qu’est-ce qui vous a poussé à choisir un thème pareil?

CG : Je n’ai pas choisi un thème en particulier. Qu’on le veuille ou non, les événements mondiaux ont toujours un impact sur nos vies. Au début de l’écriture, je revenais de l’Afghanistan où j’avais passé du temps avec le Royal 22e Régiment pour les besoins d’un documentaire. Je faisais également de la recherche à propos de la disparition de mon grand-père. Tout est en évolution autour de nous sur le plan social. J’ai simplement rassemblé les éléments pour construire le récit.

SC : À la lecture de ce livre, on a cru deviner qu’il y a un peu de vous dans le personnage de Brigitte dans la mesure où vous êtes tous les deux des anti-guerre convaincus. On se trompe?

CG : Il y a un peu de moi dans tous les personnages.

SC : Place aux questions qui fâchent maintenant. Certaines voix se sont élevées pour « dénoncer » le fait que vous avez utilisé le bilinguisme dans votre livre, à savoir le français et l’anglais. Quelqu’un a même avancé qu’il y a 41 % d’anglais dans AmericanDream.ca et que, à ce titre, votre œuvre ne méritait pas d’obtenir le prix littéraire du Salon du livre de Toronto 2016 que vous avez remporté pour les deux premières parties de cette pièce? Qu’est-ce que vous répondez à de telles critiques?

CG : AmericanDream.ca est une pièce bilingue. La pièce est un reflet de la réalité quotidienne dans une ville multiethnique comme Toronto. Peu importe notre langue d’origine, l’anglais fait partie de notre quotidien. Prétendre le contraire est illusoire. AmericanDream.ca est une pièce canadienne et la francophonie n’y est pas un enjeu. 

SC : Que pensez-vous des autres œuvres en lice?

CG : Je n’ai pas encore eu le bonheur de lire ces œuvres.

SOURCE – Soufiane Chakkouche