Anastasia Mikova (Crédit: compte Facebook de la réalisatrice)

En 2020, une semaine avant le confinement en France, Anastasia Mikova et son équipe célèbrent la sortie de son œuvre la plus récente, le documentaire Femme(s). Ce n’est pas tout à fait le lancement prévu, mais il était très attendu tout de même, après quatre ans de travail.

Cela fait près de 15 ans que Mme Mikova évolue dans le milieu cinématographique et qu’elle produit des films à partir d’entrevues pour concrètement passer la parole à tout le monde, et bien sûr le plus de monde possible à chaque projet.

« C’est un film qui ne s’inscrit pas dans une actualité, il sera toujours tout autant d’actualité un ou cinq ans après », affirme-t-elle. Justement, la réalisatrice est heureuse de voir que la discussion se continue maintenant à travers le monde.

Mme Mikova explique que l’idée de Femme(s) est née suite à son expérience en chantier du film Human co-réalisé auparavant avec Yann Arthus-Bertrand, où près de 600 entrevues d’hommes, de femmes et d’enfants sur la signification d’être un humain.

Pendant ses entrevues, Mme Mikova observe une différence entre les deux sexes. Les hommes embarquent tout de suite, et racontent leurs histoires tout naturellement avec fierté tandis que les femmes se montrent réticentes et se méfient du projet. Pourtant, dès qu’elles ont la parole, un flot d’expériences et d’opinions déferlent.

« Une fois devant la caméra, pour beaucoup d’entre elles, c’était comme si elles avaient attendu ce moment toute leur vie. […] Qu’il y avait enfin quelqu’un pour les écouter », décrit la réalisatrice. Le projet de donner la parole aux femmes maintenant prêtes à la prendre s’est donc imposé aux deux associés cinéphiles Mme Mikova et M. Arthus-Bertrand.

Chrystelle Maechler, fixeuse du film au Canada, s’est chargée de trouver les femmes sur place et de bâtir une relation de confiance avec les femmes, une nécessité avant d’embarquer dans une entrevue très personnelle. Elle souligne que les femmes étaient ravies de partager mais pas forcément habituées à le faire. Il y a une certaine forme d’humilité présente.

« Le nombre d’heures passées avec les femmes, ça se compare à juste une heure ou deux, mais c’était vraiment beaucoup plus que ça », raconte-t-elle. Au total, environ 4000 heures de tournage ont dû être distillées au produit final.

Pour Anastasia Mikova, un choix très difficile. « Ça été le moment le plus horrible de tout le projet, parce qu’évidemment, chacune de ces femmes, on a envie qu’elle existe. » C’est une des raisons pour laquelle le montage a duré quasiment un an. Après un premier produit de neuf heures, l’équipe a dû couper sept heures additionnelles.

Pour compenser cette frustration, le projet Femme(s) a aussi pris la forme de livre avec une sélection et des histoires plus complètes des femmes interviewées.

Pour l’équipe, la création de Femme(s) a été monumentale. Chrystelle Maechler, révèle que le film l’a vraiment secouée : « Ça m’a émue, ça m’a permis d’appréhender différemment ma mère ou des figures féminines de ma vie. »  

Femme(s) est présentement disponible pour les abonnés de ici.tou.tv et l’entrevue avec Anastasia Mikova et Chrystelle Maechler est disponible sur la chaîne Youtube de l’Alliance française de Toronto.

SOURCE – Élodie Dorsel