« Et Krik! » « Et Krik! », reprennent en cœur les enfants, « Et Krak! » « Et Krak! » « Et Krik et Krak! »
Le conte, c’est l’échange. Bruno de la Salle, conteur que l’on ne présente plus, le prouvait une fois de plus à la Bibliothèque centrale de North York, le jeudi 7 avril, en embarquant trois classes d’élèves de Toronto dans son univers loufoque et féerique.
Un ophtalmologue spécialisé, un œil de berger, un taureau, l’homme le plus fort du monde, un géant qui goûte les bébés, une maman qui sait recoudre un papa, les personnages incroyables et indomptables de Bruno de la Salle se matérialisent sous les yeux des enfants au rythme des mots du conteur.
Penchés en avant, coudes sur les genoux et poings sous le menton, les enfants sont concentrés et captivés.
« Vous qui venez d’entendre cette histoire, dites-moi qui était le plus grand? ». La salle, jusque-là silencieuse, s’anime. Les bras se tendent. « Grand comme ça! », crient les enfants, dont les voix montent jusqu’à l’estrade.
Bruno de la Salle s’inscrit dans le courant du renouveau du conte. Initié en France dans les années 1970, l’artiste est touché par cette forme artistique unique et se transformera en l’un de ses plus fervents défenseurs.
« Les contes, c’est la première littérature du monde. Quand la parole a été inventée, on a inventé les histoires, explique le magicien des mots aux enfants. Même s’il y a des milliards de livres, il y a encore plus d’histoires. »
En 1981, il fondera le CLiO, le Conservatoire contemporain de littérature orale dont il est toujours le directeur. Son objectif? Défendre les arts de la parole en soutenant des artistes conteurs mais également défendre l’art oral comme un art de demain et non pas du passé.
« Il était une fois, rien qu’une fois. Qui, où, comment, pourquoi, je viens de le dire », chantonnait Bruno de la Salle.
Photo: Bruno de la Salle