« On reconnaît à Matisse du génie. On reconnaît à Picasso du génie. On ne reconnaît pas à Filip Leu du génie. On ne reconnaît pas à Horiyoshi III du génie. »
L’exposition Tatoueurs, Tatoués qui a rassemblé plus de 700 000 spectateurs durant deux années au musée du quai Branly de Paris débarque à Toronto. C’est le Musée royal de l’Ontario (ROM) qui a la chance d’accueillir en ses murs cette exposition qui révolutionne les notions mêmes de l’histoire de l’art.
L’exposition est montée par Anne et Julien au Quai Branly, cette équipe de commissaires d’exposition et cofondateurs de la revue HEY! Modern Art & Pop Culture est impliquée depuis toujours dans la reconnaissance du tatouage comme une forme artistique à part entière.
« Quand on regarde une peinture ou une sculpture, on est dans la définition de la première académie du dessin à Venise où la triangulaire est la composition, le dessin, le sujet, explique Anne au journal Le Métropolitain. Cette triangulaire qui est sacralisée en histoire de l’art, on la retrouve dans le tatouage. »
Regarder le tatouage du point de vue de son fait artistique et non plus d’un point de vue anthropologique, ethnologique ou sociologique, tel est le but de l’exposition qui invite à déplacer les perspectives. « Je dirais aux gens : Venez au ROM et découvrez une toute nouvelle appréciation des tatouages que vous voyez tous les jours dans la rue », dit Chris Darling, conservateur principal d’entomologie et commissaire de l’exposition avec Kenneth Lister, conservateur adjoint d’anthropologie.
Avec 200 objets recueillis pour l’exposition, une majorité venant de l’exposition du quai Branly, mais aussi quelques pièces venant du ROM même, l’exposition témoigne de l’histoire de l’art du tatouage au travers du temps et des continents.
L’histoire de l’art corporel remonte à plus de 5000 ans. Par le biais de photographies, d’outils anciens et des modèles en silicone tatoués par des artistes de renom, le spectateur suit ces tatoueurs et ces tatoués. Il découvre les facteurs qui ont fait du tatouage une pratique culturelle doublée d’une forme artistique pratiquée mondialement. Il réfléchit à l’évolution du tatouage et aux phénomènes qui en découlent.
Du marginal au grand public, de la sous-culture à la culture populaire, c’est toute l’histoire de l’art du tatouage qui se découvre.
Photo: De gauche à droite : Julien et Anne, commissaires de l’exposition, Joshua Basseches, directeur du ROM, et Chris Darling, conservateur principal d’entomologie.