Comme de nombreuses questions lui étaient acheminées sans cesse, le Conseil scolaire catholique (Csc) MonAvenir a décidé de tenir un point de presse sur le sujet de l’heure : la rentrée scolaire. C’est le mardi 1er septembre, à une semaine du retour en classe, que les médias francophones étaient invités à l’École secondaire catholique (ÉSC) Monseigneur-de-Charbonnel, à Toronto, où le directeur de l’éducation, André Blais, avait été dépêché pour répondre aux interrogations les plus diverses.

Élizabeth Tremblay

Comme il a été question en long et en large, ces derniers temps, des mesures de protection sanitaire autour desquelles s’articulera la rentrée, M. Blais a débuté la rencontre avec les journalistes en leur faisant visiter l’école pour leur faire voir ce qui attend les élèves et les enseignants.

Directives bilingues à l’entrée, bouteilles de désinfectant aux endroits stratégiques, marquage au sol pour indiquer la direction à prendre, partition en plexiglas au secrétariat pour séparer les employés des visiteurs, présence de stations de remplissage de bouteilles d’eau en remplacement des fontaines actionnés à la main, etc. : rien n’a été épargné pour protéger tout un chacun.

Mais justement, est-ce trop? La directrice de l’école, Élizabeth Tremblay, n’ose pas s’avancer quant aux remises en cause qu’ont peut-être suscitées ces mesures tatillonnes dans son milieu professionnel : « On ne contrôle pas les opinions des gens. Je me fie à ce que les experts nous recommandent ». Cela dit, une attention aux détails et la rigueur dans l’application des décisions des autorités publiques constituent la seule attitude qui soit garante de succès. Le plus grand défi? « C’est de combiner les contraintes et les consignes dans la réalité de tous les jours », répond la directrice.

Une rentrée complexe

L’ÉSC Monseigneur-de-Charbonnel est un établissement de près de 400 élèves mais ceux-ci seront en classe en rotation, de sorte que pas plus de 200 se trouveront à la fois sur les lieux. Les procédures sanitaires qui y encadreront leurs études et le travail des employés seront, à quelques détails près, les mêmes qui seront mises en place dans les autres écoles du conseil, les différences étant dictées par l’espace disponible à l’intérieur des bâtiments et le nombre de gens qui s’y trouvent.

André Blais

Réussir à balancer partout le nombre d’élèves en fonction de la taille des lieux en respectant le principe de distanciation est le casse-tête auquel s’est attelé le conseil au cours des dernières semaines. Cela dit, des inquiétudes demeurent quant au nombre d’élèves en classe, surtout à l’élémentaire. « On est confiant qu’en enlevant le mobilier non essentiel, on pourra respecter les directives », donne en exemple André Blais entre autres approches.

Un dossier épineux a fait éruption dans l’actualité le 31 août dernier : les quatre grands syndicats d’enseignants (y compris l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens) ont porté plainte auprès de la Commission des relations de travail, estimant que le plan gouvernemental pour la rentrée scolaire ne satisfait pas aux exigences de la Loi sur la santé et la sécurité au travail. Cela pourrait-il affecter la rentrée? M. Blais ne semble pas s’en inquiéter outre mesure : « On se prépare comme si l’ensemble des élèves seront présents la semaine prochaine », dit-il, ajoutant qu’il y aura des ajustements si nécessaire.

En termes d’ajustements, certains sont déjà au programme. Ainsi, afin de pallier la ventilation qui, bien que suffisante en temps normal, pourrait s’avérer en deçà de ce qui est présentement nécessaire, des purificateurs d’air ont été commandés et devraient être reçus le 10 septembre. Les fenêtres seront ouvertes d’ici là.

Pour ce qui est des ressources humaines, les conseils scolaires francophones font face en permanence à une pénurie d’enseignants et cette année ne devrait pas faire exception. En se fiant sur ce qui se passe d’année en année, le directeur de l’éducation chez MonAvenir estime qu’il devrait y avoir présentement une vingtaine de postes à pourvoir mais, comme c’est toujours le cas, le conseil devrait être en mesure d’y remédier. L’examen de candidatures est d’ailleurs en cours.

Éviter le pire

Le gouvernement ontarien avait invité l’ensemble du milieu éducatif à se préparer aux évolutions possibles de la pandémie. « On apprend à s’adapter et les efforts que nous avons mis à élaborer les trois scénarios nous permettront de basculer d’un modèle à l’autre assez facilement », commente André Blais.

Parmi ce qui pourrait arriver de pire, la propagation du coronavirus au sein d’une communauté scolaire est une possibilité qui ne peut être ignorée. « Nous avons un protocole en cas d’éclosion, affirme M. Blais. Notre responsabilité première, ce sera d’aviser les professionnels du bureau de santé régional et ensuite nous travaillerons avec eux pour déterminer les prochaines étapes. »

André Blais n’écarte pas la possibilité qu’une hausse importante de cas de COVID-19 au sein du personnel enseignant pourrait contraindre le conseil, après consultation avec le ministère de l’Éducation, à fermer des classes, voire des écoles. Cette éventualité est également reconnue par le premier ministre Doug Ford qui, récemment encore, affirmait qu’il n’hésitera pas à fermer les écoles si une deuxième vague en impose la nécessité. Incertitude et optimisme prudent continueront donc à caractériser les prochains mois dans le milieu de l’éducation.

PHOTO – Le directeur de l’éducation, André Blais, a répondu aux questions des journalistes tout en leur faisant visiter une école aménagée selon les principes sanitaires.