Le 18 août, dans le cadre d’une conférence de presse commune, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et l’Ontario Nonprofit Network (ONN) dévoilaient les résultats d’une consultation effectuée auprès des représentants du milieu communautaire et portant sur les impacts de la COVID-19 sur les organismes et leurs activités.
Mené en ligne, ce sondage a eu 1131 répondants de partout dans la province dont une soixantaine ont dit représenter des organismes ou associations francophones et plus de quarante des entités considérées bilingues. L’objectif de cette démarche était de permettre à l’AFO et à l’ONN de disposer de données complètes pour étayer leur argumentaire dans leurs interventions auprès des décideurs politiques. Ces derniers auront ainsi à leur disposition des renseignements complets sur lesquels s’appuyer pour épauler efficacement le secteur sans but lucratif.
Cathy Taylor, directrice générale de l’ONN, a présenté succinctement les résultats du sondage.
La crise entourant le coronavirus a représenté des pertes totales de 90 millions $ pour les répondants. Parmi ceux-ci, 23 % s’attendent à ce que la situation de leur organisme empire. Plus d’un sur cinq pourraient même fermer ses portes d’ici à la fin de l’année.
Comme plusieurs organismes offrent des programmes destinés aux démunis, aux personnes seules ou malades, etc., plus de 40 % d’entre eux ont constaté une augmentation de la demande pour leurs services, ce qui rend leurs obligations difficiles à rencontrer d’autant plus que 30 % ont dû mettre à pied des employés et plus de 50 % ont perdu des bénévoles.
Qui plus est, que ce soit par l’augmentation de leur clientèle ou par l’achat de produits et équipements censés protéger le personnel contre la COVID-19, 35 % des organismes ont vu leurs dépenses augmenter. Or, la grande majorité attend toujours de bénéficier des mesures d’aide annoncées par les gouvernements ou n’y sont pas éligibles.
Autre problème : pour les organismes du nord et des régions rurales, le manque d’accès à l’internet haute vitesse rend difficile l’ajustement au travail à domicile et aux relations à distance avec le public.
Le sondage a néanmoins révélé un aspect positif de cette crise : le milieu communautaire se sert les coudes. Ainsi, 43 % des répondants ont indiqué avoir initié des collaborations avec d’autres groupes de leur milieu pour continuer de répondre aux besoins de la population.
Pour illustrer concrètement les conséquences de la pandémie, l’AFO et l’ONN ont fait appel à deux représentantes du milieu communautaire qui ont livré leur témoignage au cours de la conférence de presse.
Sylvia Bernard, directrice générale de La Clé, a illustré comment la COVID-19 a affecté cet organisme de la région de Simcoe. Fermeture d’entreprises sociales, pertes de 350 000 $ en trois mois, mises à pied, renégociation à la baisse avec les fournisseurs de services, etc. : à un certain moment, au plus fort de la pandémie, La Clé fonctionnait à 10 % de ses capacités. Rassurer clients et employés tout en joignant les deux bouts en faisant preuve d’imagination ont fait et font toujours partie du quotidien.
Surranna Sandy, chef de la direction chez Skills for Change, un organisme qui met divers programmes à la disposition des immigrants, a décrit l’impact de la pandémie sur l’intégration de ceux-ci. Services d’aide à la recherche d’emploi réduits, manque d’accès aux services de garde pour enfants, plus difficile d’apprendre l’anglais en période de confinement, etc. : les difficultés n’ont pas manqué et se poursuivent dans une certaine mesure.
« La crise de la COVID-19 n’a épargné personne ni aucun organisme, a commenté Carol Jolin, président de l’AFO, avant de brosser un portrait des problèmes rencontrés. Cette crise a fait appel à la créativité de nos organismes : nous avons tous dû apprendre à vivre avec le virus, du moins dans l’immédiat. »
M. Jolin a aussi évoqué la fermeture éventuelle de plusieurs organismes : « En perdre représenterait un pas important vers l’assimilation et conduirait inévitablement vers une diminution d’offre de services en français dans la province. Les gouvernements y perdraient également, plusieurs organismes à but non lucratif offrant des services en leur nom ».
Cathy Taylor a, de son côté, incité la classe politique à faire sa part : « Bien que les organismes à but non lucratif restent optimistes et font preuve d’une résilience incroyable pour continuer à servir les communautés, le moment est venu pour les gouvernements d’agir afin d’empêcher la fermeture des programmes et services sur lesquels les communautés ontariennes comptent ».
D’ailleurs, l’AFO et l’ONN, en se basant sur les résultats de leur sondage, ont d’emblée émis quelques recommandations : aide financière immédiate du gouvernement de l’Ontario pour les organismes et mise en place de mesures de soutien pour leurs travailleurs; adapter le programme fédéral de subvention salariale d’urgence aux besoins du milieu communautaire; donner une place aux organismes aux tables de planification de la reprise économique; etc.
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