Champlain arriva sur les terres d’Ontario il y a de ça 400 ans déjà. Afin de souligner cet évènement historique, L’écriture en mouvement, un organisme à but non lucratif ayant pour mission de promouvoir l’écriture, a créé Les 24 heures du roman. Vingt-quatre écrivains ont ainsi été réunis dans le but d’imaginer ce pan de l’histoire canadienne.
Ils se sont d’abord rencontrés pour la première fois à Moncton où, pendant 48 heures, ils ont travaillé sur la trame du roman et les 24 personnages qui allaient le composer. Puis, à bord d’un train, ils ont suivi les traces de l’explorateur, au départ d’Halifax. En 12 heures, ils ont dû écrire huit pages qui allaient ensuite constituer un chapitre de ce qui allait devenir ultimement un roman à plusieurs voix. Seulement 24 minutes avant le départ ont-ils tiré au sort la place qu’allait occuper leur chapitre dans l’œuvre.
La destination finale : la gare Union, le 24 octobre dernier. Épuisés de cet intense périple, c’est tout de même avec une grande satisfaction que les auteurs sont arrivés à Toronto. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario les y attendait afin de les accueillir et de les féliciter. Après quelques discours soulignant le travail des écrivains, Samuel Archibald, qui faisait partie de l’aventure, a lu un extrait du chapitre duquel il était en charge, intitulé Voir la mer. Par la suite, les membres du public pouvaient circuler de table en table afin d’entendre des extraits des autres chapitres et de discuter avec les auteurs de leur expérience.
Le bilan de cette mission littéraire unique est sans aucun doute positif. « Ça s’est bien passé, la mayonnaise a pris tout de suite et les auteurs sont entrés en osmose. Ils ont acquis une base solide très rapidement », a souligné Anne Forrest-Wilson, directrice générale de L’écriture en mouvement. « Anne a gagné son pari! », ajouta Denise Truax, des Éditions Prise de Parole, qui publieront l’œuvre finale.
Pour la plupart des participants, écrire avec une limite de temps n’est pas quelque chose d’habituel. « J’ai jamais fait ça avant, écrire sous une telle pression », confirme l’auteur acadien Herménégilde Chiasson. Lui qui, de coutume, effectue un grand travail de correction sur ses textes et les relit encore et encore, compare le produit final à un Beaujolais nouveau : un texte en 12 heures tel un vin primeur!
Michèle Audin, auteure française, opine à cette comparaison, soulignant au passage le changement entre le plan d’origine et le produit final. M. Chiasson renchérit, précisant qu’un auteur se laisse souvent guider par les personnages qu’il crée, et que ce sont eux qui, alors, « dictent » le récit.
L’œuvre finale sera disponible le 16 novembre prochain.
Photo: Anne Forrest-Wilson s’adresse aux écrivains et au public à la gare Union.