Richard Caumartin

Le festival Francophonie en Fête (FF), considéré aujourd’hui par la francophonie torontoise comme le rendez-vous musical marquant de l’automne, présentait sa 20édition au Bentway, sous l’autoroute Gardiner la fin de semaine du 12 au 14 septembre.

Deux scènes étaient installées pour les nombreuses prestations prévues au cours des trois jours d’activités. D’abord la scène Radio-Canada, au centre du site : elle était entourée de tables de pique-nique, de comptoirs alimentaires et d’une vingtaine de kiosques d’exposants, des organismes et artisans francophones. Puis, au niveau de la mezzanine, il y avait une petite scène et un espace pour l’animation jeunesse et du maquillage pour les petits.

Depuis 20 ans, Francophonie en Fête a permis à de nombreux artisans de la scène musicale torontoise et d’ailleurs d’exprimer leur art dans toute sa diversité, et au public de faire de belles découvertes et de revoir des artistes plus connus des francophones de Toronto qui ont quitté la région depuis quelques années. C’est le cas de Bernard Dionne, anciennement du groupe Welcome Soleil, qui vit maintenant à Québec.

« J’ai quitté la Ville reine pour Québec en 2019, raconte le contrebassiste du groupe Uptown Brigade. À cette époque, il y a eu un mouvement d’intérêt pour le style de guitare manouche, inspiré du guitariste Django Reinhardt qui a marqué l’histoire du jazz pour un Français dans les années 1940. C’était une nouvelle révélation et un grand guitariste.

« Beaucoup de groupes au Québec se sont intéressés à ce style de guitare et mes deux partenaires du trio Uptown Brigade, Christian Roberge et Anthony Ferland sont des adeptes de ce style. Notre style à nous est de prendre des chansons, du Francis Cabrel ou Boris Vian par exemple, et d’ajouter une pièce style jazz manouche. Puis, nous improvisons là-dessus. Mais le fait d’avoir du vocal avec Christian qui chante, les gens peuvent s’identifier davantage. »

Pour le directeur général de FF, cette 20e édition en offre un peu plus au public. « Nous avons doublé notre nombre d’exposants avec 25 kiosques dont de la nourriture de tous les continents et des organismes communautaires. De plus, Radio-Canada y organise un karaoké et il y a beaucoup plus d’activités pour les jeunes comparativement aux années précédentes », confirme Jacques Charette.

Il a expliqué que le festival est offert au Bentway depuis 2021, un endroit idéal pour ce genre d’événement et, fait surprenant, même si le site est situé sous l’autoroute Gardiner, c’est un endroit paisible où l’on entend pas du tout le trafic automobile au-dessus.

« L’avantage d’être ici également est que nous sommes à l’abri des intempéries, de la pluie et du vent. Beau temps mauvais temps, c’est idéal. Le public qui n’est jamais venu ici a intérêt à découvrir cet endroit », ajoute le directeur général.

Sur le plan de la programmation, il y a des groupes qui viennent de partout au pays, soit du Québec, de l’Ontario, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique.

« Parmi les vedettes, il y a la gagnante du prix Trille Or, Kimya (hip-hop/rap), l’Haïtien Waahli et son rap afro-caribéen, DJ Unpier bien connu en Ontario français, DJ Jahtee populaire à Paris en France, et Jessy Lindsay d’Ottawa, une Franco-Ontarienne qui compose ses chansons et ses musiques. Une vedette en devenir », insiste M. Charette..

Pour encourager la jeunesse, les organisateurs ont invité des chorales scolaires et l’orchestre de l’École secondaire Franco-Jeunesse de Sarnia. « Ce groupe est mon coup de cœur du Festival Monde le son 2025 organisé par le Conseil scolaire Viamonde », confirme Jacques Charrette. Les autres belles découvertes de ce festival ont été Allô Fantôme et Beau Nectar avec la Franco-Ontarienne Marie-Clo, et la Fransaskoise éemi.

Dans l’auditoire, les adultes et particulièrement les adolescents ont fortement apprécié la prestation de Jessy Lindsay. « Je suis née à Ottawa et j’y habite toujours. J’adore cette ville », raconte Mme Lindsay en entrevue avec le journal.

Elle fait de la musique depuis toujours et ses grands-parents lui disaient qu’elle fredonnait des chansons, bébé, sur le siège arrière de leur auto. Elle a commencé le piano à 6 ans, la guitare à 8 ans, l’écriture de chanson à 10 ans et la performance à 12 ans. La chanteuse a beaucoup de puissance dans sa voix et un ton assez particulier, très distinct.

« J’ai fait un bac en musique, en classique et chant opératique avec spécialisation en composition contemporaine classique avec mineure en piano », confirme la jeune artiste.

D’où prend-elle son inspiration pour l’écriture? « J’étais une jeune fille extrêmement timide à l’école élémentaire, et même au secondaire. C’est à travers ma musique que j’ai trouvé confiance en moi, et mon habileté de sortir les grosses émotions. C’était un peu ma thérapie, assure-t-elle.

« C’est au travers de la musique que j’ai trouvé un vaisseau pour sortir mes grandes émotions et pour prendre plus de place. Comme jeune femme queer, ce n’est pas toujours facile de prendre ma place. La musique m’a aidée à trouver cette confiance en moi. »

Elle décrit son style musical comme un pop « groovy » et rafraîchissant, avec des sonorités un peu rock également. Elle travaille sur une nouvelle série de singles et rêve d’avoir une carrière semblable à celle de Charlotte Cardin.

Le Festival se poursuit en salle le 26 septembre au Théâtre Paradise avec le spectacle attendu de Claude Dubois, et le lendemain soir avec la performance de l’humoriste québécois Anthony Kavanagh au même endroit. Pour des billets, francophonie-en-fete.com.

Photo : Bénévoles, techniciens et artistes entourent les organisateurs et membres du conseil d’administration (assis au centre de la photo) de la 20e édition de la Francophonie en Fête au Bentway.