Canadienne d’origine indienne, Vinita Kinra poursuit brillamment ses études en Inde avant d’enseigner l’anglais au sein d’universités françaises, et le français en Inde. Quadrilingue, diplômée et récompensée plusieurs fois pour ses travaux, elle a écrit le livre Pavrita in Paris et publiera son dernier ouvrage à l’automne 2015.
Dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs, l’auteure était invitée à échanger avec les élèves de l’école secondaire Étienne-Brûlé sur la question du racisme et de la discrimination le lundi 9 février. « Moi aussi je suis victime de racisme, explique Vinita Kinra au début de son exposé. Je suis différente mais ça ne veut pas dire que je suis un mauvais être humain. » Elle raconte que sa différence liée à sa religion, sa couleur de peau et ses habitudes alimentaires l’a souvent déprimée et découragée à l’adolescence. Malgré les difficultés, elle souligne qu’elle est passée « d’une personne déprimée à une personne dont on parle dans les journaux ».
Vinita Kinra explique d’abord que le racisme est la combinaison de l’hostilité, de la peur, de l’inégalité et de l’ignorance, pour montrer que « ce sont nos différences qui rendent notre terre aussi charmante ». Elle appuie ses propos sur de nombreux exemples de racisme profond tel celui de la Shoah qui a mené à l’extermination systématique de plus de cinq millions de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
La jeune femme évoque aussi des problèmes de racisme interne propres au Canada comme la polémique sur les écoles résidentielles autochtones, ou encore les Canadiens d’origine japonaise qui ont subi l’internement après que le Japon ait attaqué Pearl Harbour en 1941, sans oublier ceux d’origine chinoise qui ont aidé à la construction du chemin de fer Canadien Pacifique en étant moins payé que les Blancs, pour terminer sur le crime contre l’humanité de l’esclavage des Africains.
« Il est impératif qu’on n’oublie pas leurs humiliations et que l’on rende hommage à vos ancêtres pour ces sacrifices qu’ils ont faits pour que votre génération ne souffre pas de telles violences », fait valoir Mme Kinra. Gandhi a aussi été victime de racisme à l’égard des peaux noires lorsqu’il séjournait en Afrique du Sud pendant la période de l’apartheid. « Il faut être bien dans sa peau, être soi-même avant que les autres vous respectent », poursuit-elle, en prenant l’exemple de l’artiste Michael Jackson qui a ressenti le besoin de se faire blanc en passant par de nombreuses opérations de chirurgie esthétique. Ce sont des gens comme Rosa Parks, Martin Luther King, Nelson Mandela, Barak Obama et Oprah Winfrey qui montrent « qu’aujourd’hui on peut dire Yes, we can », se réjouit l’auteure.
Grande leçon d’humanité et de respect enseignée par une écrivaine, elle-même victime de discriminations et qui ne s’est pas laissé abattre.
Photo: Vinita Kinra lors de sa présentation à l’école Étienne-Brûlé.