Une architecture variée caractérise l’extérieur du Musée royal de l’Ontario (ROM) ainsi que les autres édifices qui l’entourent.
À l’occasion du 100e anniversaire du musée, la Société d’histoire de Toronto (SHT) organisait une promenade autour de la vénérable bâtisse. Accompagnés par Chantal Smieliauskas, membre et guide de la SHT, la douzaine de participants purent non seulement admirer l’élégance et la hardiesse architecturale du musée, mais découvrir aussi la beauté et l’histoire des bâtiments environnants.
« À l’inverse de certaines villes européennes, Toronto se distingue par sa grande variété architecturale. Un bâtiment peut même contenir plusieurs styles différents », expliquait Mme Smieliauskas.
Il en va donc de même pour le musée qui affiche tout à la fois des éléments de style roman, néo-gothique et art déco. Le bâtiment eut une forme en « H » jusqu’en 2007, année où le ROM allait se doter de son fameux cristal. Aujourd’hui véritable signature du bâtiment, cette série de cinq prismes imbriqués les uns dans les autres et faits en verre et en aluminium furent tout simplement apposés à la façade nord par l’architecte Daniel Libeskind. Le résultat ne manqua pas de susciter de vives réactions auprès des Torontois. Quand l’ultra moderne s’allie au traditionnel, on aime ou on n’aime pas.
Ce phénomène se retrouve d’ailleurs dans bon nombre de projets architecturaux de la Ville reine. Ainsi tout à côté du ROM, le bâtiment qui abrite aujourd’hui le Conservatoire royal de musique marie lui aussi l’ancien et le moderne. Le Centre Telus avec ses larges pans de verre et d’aluminium est venu savamment se souder à l’ancienne bâtisse victorienne en 2007. Toute une mutation pour un édifice qui était le Collège McMaster à ses origines en 1881. En 1930, le collège s’est déplacé à Hamilton pour devenir l’Université McMaster.
En empruntant la jolie promenade des Philosophes, une très agréable allée bordée d’arbres, on aboutit devant la Maison Flavelle, un élégant bâtiment de style édouardien néo-classique. M. Flavelle se fit construire cette vaste demeure grâce à son commerce florissant de bacon, un aliment particulièrement prisé par Torontois de l’époque. En longeant l’aile est du ROM, on aperçoit de l’autre côté de l’avenue University une série de bâtiments intéressants du point de vue architectural. La façade d’Annesley Hall fait penser aux maisons hollandaises avec ses pignons arrondis. Le Musée Gardiner, le seul musée en Amérique du Nord consacré à la céramique, affiche son style post-moderne à côté de l’édifice Lilian-Massey, un imposant bâtiment de style beaux-arts en calcaire poli. La pauvre petite église du Redeemer, une église anglicane de style néo-gothique apogée victorien datant de 1878, semble totalement écrasée par les tours du Renaissance Plaza qui trônent juste derrière elle. Il faut cependant savoir qu’en échange du terrain, les promoteurs acceptèrent de payer les frais de rénovations pour l’église. Le salut avait un prix.
L’hôtel Park Hyatt, situé en face de la façade nord du ROM, fut construit durant la Grande Dépression selon le modèle des gratte-ciel de Chicago et de New York. Les étages montent en se décalant, un règlement de l’époque qui permettait de laisser entrer la lumière dans les rues des grandes métropoles américaines.
Le ROM n’aurait jamais vu le jour sans la présence de mécènes qui participèrent à sa création et à son financement. Ces hommes et ces femmes d’affaires y mirent à contribution leur vaste culture et leur fortune considérable. Sir Edmund Walker, un banquier collectionneur d’œuvres d’art et paléontologue autodidacte, y légua une grande partie de sa collection. Charles Currelly, un égyptologue et le premier directeur du musée, s’employa corps et âme dans la construction du ROM. On dit qu’il dormait même dans le sous-sol et que son fantôme hante toujours les lieux. Louise Hawley Stone, une richissime Torontoise, fit un don considérable au musée et en fut la première bénévole.
Pour plus de renseignements au sujet des visites guidées de la Société d’histoire de Toronto : www.sht.ca.
Photo : Le cristal du ROM