Dans la Ville reine, l’été se conclut par le Festival international du film de Toronto (TIFF en anglais) qui se déroule cette année du 9 au 18 septembre. Des oeuvres de toutes sortes y seront présentées. Parmi les films en sélection, trois courts métrages de l’Office national du film se démarquent.

Terril Calder

Meneath : The Hidden Island of Ethics constitue, en 19 minutes, une réflexion complexe sur le vécu d’une jeune enfant métisse tiraillée entre les enseignements chrétiens sur les sept péchés capitaux et les sept enseignements sacrés tirés des traditions autochtones.

Le film met dos à dos les uns et les autres dans une mise en scène poétique. Cette oeuvre a non seulement été écrite et réalisée par Terril Calder, mais fut aussi animée par elle, le film ne mettant pas en scène des acteurs mais des figurines animées par la technique de l’arrêt sur image.

« Depuis quelque temps, je suis obsédée par l’« alternance de codes » (code-switching), un terme apparu récemment. L’air du temps a attribué un nom à cette question qui m’absorbe : l’idée de s’intégrer ou de faire les changements nécessaires pour en donner l’impression, confie Mme Calder.

Alanis Obomsawin (Crédit photo: Cosmos Image)

« C’est un véritable obstacle pour beaucoup d’Autochtones qui ne peuvent pas ou ne veulent pas agir de cette façon pour faire des études ou pour poursuivre une « carrière ». Faire semblant d’être une autre personne pour s’intégrer, c’est en demander beaucoup à quelqu’un. Aujourd’hui, à l’âge que j’ai, j’en viens à me demander si nous sommes vraiment forcés de faire ça. »

De son côté, afin de plonger le spectateur dans l’histoire des traités et des pensionnats, le film Honour to Senator Murray Sinclair prend pour prétexte le discours qu’a prononcé ce célèbre sénateur manitobain de souche autochtone lorsqu’il a reçu le Prix pour la paix mondiale du Mouvement fédéraliste mondial – Canada. Il y en aurait évidemment beaucoup à dire au sujet des Premières Nations qui ont fait la manchette au cours des dernières années, mais ce documentaire réalisé par Alanis Obomsawin parvient à bien synthétiser ce qui les touche en 29 minutes.

Rosana Matecki (Crédit photo: Fernando Bracho-Bracho)

Dans un tout autre ordre d’idées, Saturday Night, écrit et dirigé par Rosana Matecki, se veut un aperçu en 15 minutes de la communauté latino-américaine de Montréal. Narré en espagnol avec sous-titres anglais, le film focalise sur le thème du vieillissement et de la solitude en milieu urbain. La clientèle d’un club de tango sert de fil conducteur musical et visuel à ce portrait de société alors qu’un homme et une femme issus de l’immigration confient leurs craintes de finir leurs jours seuls et malades.

« La solitude est un sentiment auquel les êtres humains ne cessent de se heurter. Un genre de Mur des Lamentations dont nous ne semblons pas savoir quoi faire. Cela m’a amenée à réfléchir au fait qu’après toutes ces années vécues au Canada, je me devais d’examiner à ma façon cette notion de solitude, explique Mme Matecki. Je souhaitais trouver un peu de l’Amérique latine à Montréal. J’ai finalement fait mon deuil au cours de ce processus, ce qui m’a procuré un énorme sentiment de liberté. »

C’est en anglais que ces trois films seront présentés en première mondiale au TIFF mais il existe des versions françaises. Cela dit, quelle que soit la langue du spectateur, il n’en demeure pas moins que, tant dans leur forme que dans leur contenu, ces courts métrages donnent à réfléchir.

PHOTO – Une scène de Meneath : The Hidden Island of Ethics