Année après année, le festival Cinéfranco permet aux Torontois francophones et francophiles d’aborder le 7e art en sortant des sentiers battus. Des oeuvres en français, réalisées aux quatre coins du monde, y sont présentées et le public a l’occasion de découvrir non seulement des histoires et des thématiques des plus originales mais aussi une grande variété de styles et d’approches.

C’était notamment le cas lors de la soirée consacrée aux courts métrages de réalisateurs canadiens. Le mercredi 10 octobre, le public était convié au Cinéma Carlton pour visionner neuf films. La mort et les changements sociaux, les tensions ethniques, l’histoire acadienne, la violence conjugale, etc. : chaque sujet était abordé en quelques minutes, parfois avec une pointe d’humour, d’autres fois sous un angle plus sérieux, voire dramatique.

Mais ce ne sont pas tous les films qui se caractérisent par un récit ou un sujet en particulier. Les courts métrages, de par leur format même, se prêtent bien à la création d’oeuvres essentiellement visuelles. Ce qui, étiré sur 90 minutes, serait trop étrange ou lassant, peut devenir un message puissant ou un concept novateur lorsque concentré en cinq ou dix minutes. Danse contemporaine, rêverie introspective, militantisme social, etc. : autant d’idées un peu abstraites qui peuvent être communiquées avec attrait et efficacité par le biais de courtes expérimentations cinématographiques.

Les deux réalisateurs qui ont échangé avec le public à la fin de la séance de projection s’inscrivaient d’ailleurs dans cette veine. Marcel Grimard avait produit, avec l’artiste néo-brunswickoise Maryse Arseneault, un film intitulé La Grue avec pour objectif d’attirer l’attention sur le problème de l’itinérance et de l’embourgeoisement des quartiers à Toronto. Claudia Hébert avait de son côté réalisé Roadmap et, en collaboration avec la chorégraphe Émilie Cardu-Beauquier, Petites failles, deux œuvres portant sur l’imaginaire et la recherche de sens.

Marcel Grimard et Claudia Hébert

M. Grimard a expliqué les raisons ayant guidé le choix de la pauvreté comme thème à transposer au grand écran en s’appuyant sur des données relatives aux sans-abris, à la violence criminelle et à la crise des opioïdes et en dénonçant le manque d’intérêt des politiques quant à ces sujets. Mme Hébert, quant à elle, s’est plutôt attardée à la dimension technique de son travail, tel que l’environnement sonore, l’équipement employé ou les procédés utilisés pour créer des effets visuels intéressants.

Lancé en 1997, Cinéfranco continue d’émerveiller les francophones de Toronto et la programmation de cette année ne fait pas exception.

 

PHOTO : Le public avait rendez-vous au Cinéma Carlton.