Les Torontois de longue date ne sont souvent pas avares d’histoires d’horreur quand ils se remémorent les fois où ils allaient se baigner dans le lac Ontario durant leur enfance : maux d’oreilles, démangeaisons, vomissements. Aujourd’hui, il n’en est rien. Saviez-vous-même que Toronto peut s’enorgueillir d’avoir une des meilleures qualités d’eau pour ses plages au Canada? Il faut néanmoins faire preuve de prudence durant les jours qui suivent un gros orage.

« Grâce aux travaux d’infrastructure au niveau des égouts entrepris par la ville ces dernières années, notamment durant le mandat du maire David Miller, la qualité de l’eau n’a pas cessé de s’améliorer », affirme James Dann, responsable des plages de la ville de Toronto. Selon lui, l’état de santé des Grands Lacs en général est devenu un souci majeur pour les municipalités riveraines.

Jane Cunningham n’hésite pas une seconde avant de plonger dans l’eau à Cherry Beach. Elle ne manque pas un seul jour de juin à la mi-septembre. Cette avide nageuse participe depuis 40 ans à des épreuves de natation en eau libre sur 4 et 10 km à travers les États-Unis et le Canada. Seul le retour des jours frisquets l’oblige à poursuivre en piscine le reste de l’année. Quant à Mark Buklis, il s’agit là de son premier bain. Venu au triathlon tout récemment, il espère que des séances régulières à Cherry Beach vont améliorer ses performances.

 Brett Tryon, coordonnatrice auprès de l’organisme Environmental Defence, explique que la majorité des plages torontoises ont reçu le fameux label « pavillon bleu », garantie d’une excellente qualité d’eau. Cette distinction, détenue par près de 4000 plages dans 48 pays, assure depuis 1987 que non seulement l’eau est propre mais que les municipalités s’efforcent de protéger leurs plages et de sensibiliser la population. Toronto fut la première municipalité canadienne à recevoir ce label pour 8 de ses 11 plages : Bluffers’Park, Centre Island, Cherry, Gibraltar Point, Hanlan’s Point, Kew-Balmy, Ward’s Island et Woodbine.

Pour en arriver là, la Ville analyse et publie tous les jours, de juin à septembre, le taux de bactéries dans l’eau de chacune de ses plages. Un rapide coup d’œil sur les statistiques récentes indique que la majorité des plages affichent régulièrement un niveau en dessous de 100 E. coli par 100 ml d’eau, norme jugée sécuritaire pour la baignade en Ontario. Brett Tryon tient à souligner que cette norme s’élève à 200 E. coli pour le reste du Canada, voir même 500 E. coli dans d’autres parties du monde.

Il reste qu’à la suite d’orages particulièrement violents, la Ville doit cependant aviser les gens de ne pas se baigner. Lors du récent déluge, le 8 juillet dernier, orage au cours duquel une quantité de pluie semblable à celle de l’ouragan Hazel en 1954 s’abattit sur Toronto, le système des égouts sanitaires ne suffisait pas. La baignade fut donc déconseillée pendant environ quatre jours.

Selon Lou Di Gironimo, directeur du service des eaux, la Ville a pourtant fait de gros efforts depuis 2005. Il souligne que des cuves souterraines de rétention et des bassins de filtration ont été aménagés à Ashbridges Bay dans les années 1990 et près de l’embouchure de la rivière Humber et de la plage Sunnyside au début des années 2000. On prévoit de dépenser 680 millions de dollars dans les 10 prochaines années. De plus grands travaux d’infrastructure sont aussi envisagés pour les 20 ans à venir, projets qui pourraient encourir des dépenses allant jusqu’à 1,5 million de dollars.

Dépenses qui ne paraissent pas superflues pour tous ceux qui aiment piquer une tête dans l’eau du lac quand le mercure grimpe au-delà des 30 °C!

Pour connaître la qualité de l’eau des plages, téléphoner au 416 392-7161 ou bien consulter http://www.toronto.ca/parks/beaches/beaches.htm.

Photo : Des baigneurs font trempette à la plage de Sunnyside.