Richard Caumartin

Le Club canadien de Toronto (CCT) a tenu son dernier cocktail-conférence de l’année le 11 décembre au Centre d’excellence pour les études postsecondaires en français et bilingues du Collège universitaire Glendon sous le thème « Université 2030 : Repenser l’enseignement supérieur francophone ».

L’activité réunissait plusieurs dirigeants de l’enseignement postsecondaire francophone pour discuter des changements qui se pointent à l’horizon dans un contexte marqué par l’évolution rapide de l’intelligence artificielle, des besoins du marché du travail et des attentes de la population étudiante.

Pour se faire, le CCT a demandé au principal de Glendon, Marco Fiola, de modérer la discussion avec les membres du groupe de discussion, soit Marie-Ève Sylvestre (rectrice de l’Université d’Ottawa), Normand Labrie (recteur de l’Université de l’Ontario français), Lynn Casimiro (PDG du Collège La Cité) et Paulette Bonin (vice-présidente à l’enseignement au Collège Boréal).

Pour débuter la soirée, le président du CCT, Olivier Poitier, a remercié les invités, commanditaires et public pour leurs participations, et plus particulièrement la Fondation Baxter & Alma Ricard. « Depuis des décennies, cette Fondation contribue à former des générations de leaders francophones grâce à des bourses prestigieuses et à une vision profondément ancrée dans l’excellence académique. Ensemble, nous renforçons un écosystème éducatif francophone qui a un impact réel sur la société, sur nos institutions et surtout, sur la relève », indique M. Poitier.

Il a annoncé également que cet événement lançait officiellement la 9e édition des Prix RelèveON, un concours qui met en lumière de jeunes leaders francophones de 19 à 40 ans : « Je suis heureux de pouvoir dévoiler en exclusivité le site qui accueillera l’édition 2026 le vendredi 29 mai, le Design Exchange, où nous avons célébré récemment le 40e anniversaire du CCT. Ce lieu s’y prête magnifiquement, un endroit chargé d’histoire dans un environnement immersif qui permettra de mettre en valeur la créativité et l’excellence de notre relève francophone ».

Après un mot d’introduction de l’hôte de la soirée, Marco Fiola, le président de l’Association étudiante de l’UOF, Espoir Masiala, a pris la parole. « Si nous réfléchissons à l’Université de 2023, elle devrait s’inspirer de ce que fait l’UOF. Une université plus humaine, plus flexible et connectée à son environnement, une université où la technologie soutient l’apprentissage sans jamais remplacer l’humain, où l’on apprend non seulement à résoudre des problèmes, mais à rêver, créer et innover. En 2030, les universités ne seront plus un simple lieu où l’on vient chercher un diplôme, elles seront centrées sur l’humain et non sur les structures, un écosystème d’apprentissage ouvert et connecté au réel, un laboratoire d’idées, des espaces de cocréation où les étudiants ne seront plus des bénéficiaires mais des partenaires », déclare M. Masiala.

Puis dans le cadre de la discussion, le principal de Glendon a parlé de quatre grands thèmes : la valeur du diplôme et l’avenir du postsecondaire; francophonie, bilinguisme et partenariat; financement, gouvernance et immigration; et recherche, innovation et rôle sociétaire de nos universités et collèges.

« Le diplôme est encore nécessaire dans certains cas pour accéder à un emploi, explique Lynn Casimiro. Comme établissement postsecondaire, on travaille pour d’autres types de formation. Des bacs par cumule par exemple. L’enjeu, en ce moment, ce n’est pas notre créativité mais souvent, le modèle de financement n’est pas conçu comme cela au niveau provincial pour nous aider à financer ce genre de petites formations. Il faut travailler main dans la main avec nos instances gouvernementales pour qu’elles aussi évoluent. Les étudiants veulent ce genre de formations mais le processus derrière n’a pas évolué en conséquence. »

Les invités s’accordent pour dire que leurs diplômes (baccalauréat, maîtrise et doctorat) ont encore une valeur mais pour continuer à offrir ces produits, il faut aussi en développer de nouveaux.

« La formation collégiale ou universitaire a aussi une valeur sociale, ajoute Marie-Ève Sylvestre. Ce que les étudiants viennent chercher sur nos campus, certainement à l’Université d’Ottawa avec un campus de 50 000 étudiants et près de 6000 professeurs, c’est une communauté, un réseau, des expériences, des connexions de travail, des insertions en milieu de travail, etc. Il faut voir au-delà de la valeur économique parce que nous formons des citoyens, ce qui représente une grande valeur sociale. »

En résumé, les intervenants s’entendent pour dire qu’il est important de mettre l’étudiant au centre de leurs préoccupations et pour les préparer à 2030, les collèges et universités devront être à l’écoute des attentes de leur clientèle qui seront différentes dans 10 ans, et offrir de nouveaux programmes pour répondre aux besoins du marché volatile de l’emploi.

Photo : Les intervenants du milieu de l’éducation postsecondaire qui ont participé au cocktail-conférence du Club canadien de Toronto au Centre d’excellence du Collège Glendon.