À l’heure où le Réseau local d’intégration des services de santé de Mississauga-Halton (RLISS) s’apprête à mettre le point final à son plan d’orientation triennal, les francophones de la communauté de Peel-Halton peaufinent leur stratégie pour renforcer l’offre de soins de santé en français dans la région.
C’est en tout cas la mission et l’ambition de Reflet Salvéo, anciennement appelée Entité de planification no 3, qui lance une série de consultations en vue d’ajouter ses recommandations au rapport du RLISS.
Dans un secteur qui se distingue par la dispersion de ses acteurs, le défi pour Reflet Salvéo est donc de les réunir tous et de dégager un consensus alors que s’élaborent les grandes orientations qui dessineront l’offre de soins dans la région de Peel-Halton.
Ils étaient une vingtaine à répondre à l’invitation conjointe du Centre de services de santé-Peel et Halton (CSSPH) et de Reflet Salvéo, au Cercle de l’Amitié, à Mississauga, pour une table ronde sur cette vaste et épineuse question : quel avenir pour l’offre de soins de services de soins en
français?
« La communauté francophone doit travailler sur les pistes qui lui permettront de se doter d’une structure offrant des soins de santé en français. En tant qu’organisme proche de la communauté doté d’une certaine expertise dans ce domaine, il nous a semblé tout à fait naturel d’apporter notre contribution à cette rencontre », explique Vitia Buaba, vice-président du CSSPH.
« Il y a plusieurs solutions pour atteindre ce but, comme la création d’un carrefour de services, qui est une forme d’intégration des offres de soins. Notre rôle est maintenant de déterminer quel type d’intégration la communauté de Peel-Halton souhaite avoir », explique Patrick Boily, agent de planification à Reflet Salvéo.
Au fil des échanges, deux visions semblent émerger. Il y a ceux qui préconisent de bâtir une structure nouvelle, sur le modèle du Centre de santé communautaire de Niagara/Hamilton, administrée par des francophones et desservant exclusivement la communauté francophone.
C’est la ligne du CCSPH, qui milite pour une offre de soins primaires élargie au plus grand nombre, quel que soit le statut du client, réfugié, résident permanent, demandeur d’asile ou citoyen. D’autres, au contraire, préfèrent parler de « modèle hybride », qui pourrait faire appel aux prestataires de soins anglophones pour combler des besoins que les francophones, faute de personnel, ne seraient pas en mesure de fournir seuls.
Ce sera à un comité spécial de synthétiser ces modèles et d’en donner les grandes lignes dans un rapport qui sera ensuite transmis au RLISS. « Il existe quantité de structures de soins dont on peut s’inspirer pour l’adapter aux besoins et aux spécificités de la communautaire de Peel-Halton », indique Patrick Boily.
Si l’on s’inquiète du côté de l’offre, il en est d’autres qui souhaiteraient que l’on évoque aussi la demande, autrement dit les usagers francophones. C’est le cas, notamment, de l’Équipe de Santé familiale Credit Valley, à Mississauga, qui dispose depuis six mois d’une aile de soins dévolus aux francophones.
« Une étude a montré qu’il y a 50 000 francophones dans la région qui souhaitent être soignés dans leur langue. Six mois après la création d’un pôle francophone, nous avons 450 clients. Nous avons besoin de temps pour trouver nos marques auprès de la communauté. Il faut certes renforcer l’offre de soins mais aussi se pencher sur les moyens de faire en sorte que cette demande se manifeste, ce qui demande du temps », souligne Guylaine Jaeger, coordinatrice à l’Équipe de Santé familiale Credit
Valley.
Photo : Patrick Boily.