Poings levés, regards braqués sur l’objectif, les prisonniers d’Attica défiaient Nixon et les États-Unis tout entier lors de la célèbre mutinerie de 1971. Une révolte pour une amélioration des conditions carcérales qui sera écrasée dans le sang, faisant 39 morts parmi les prisonniers et 10 parmi les otages.
C’est à l’occasion d’une série d’expositions en hommage aux combats pour les droits civiques des Afro-Américains que le Centre Ryerson Image (RIC) présente, en collaboration avec Black Artist’s Network Dialogue (BAND), Attica, USA 1971 : Images and Sounds of Rebellion.
Cette exposition, imaginée par le centre d’art le Point du Jour (France), a lancé la série Le pouvoir au peuple : photographies et vidéos de la répression et de la protestation noire. Cette dernière sera présentée au RIC jusqu’au 9 avril et regroupe une série de quatre expositions.
Imaginée par le commissaire d’exposition français Philippe Artières, ATTICA, USA 1971 revient sur la célèbre révolte de la prison de l’État de New York, rendu fait iconique.
C’est dans un contexte de conflit exacerbé autour des droits civiques, avec en son centre le mouvement très actif du parti Black Panther, qu’a lieu la révolte d’Attica. Deux mille deux cent prisonniers se rebellent (suite à la mort de l’un des détenus lors d’une tentative d’évasion) pour le respect de leurs droits civiques. Les prisonniers invitent alors les médias au sein des murs d’Attica, un événement extraordinaire qui produira une imagerie incroyable de l’événement, le transformant en un moment unique.
« La création d’images, la quantité de ces images et le fait qu’il y avait des caméramans – ça passait à la télé! – cela crée un moment où l’image permet à un évènement de devenir symbolique de quelque chose », observe Gaëlle Morel, la commissaire d’exposition du RIC.
Ce sont toutes ces images que le visiteur observe sur les murs du centre d’art universitaire : des hommes travaillant dans les champs, une main tenant une tasse au travers de barreaux ou encore la cour où sont rassemblés les mutins.
Au centre de l’exposition trône le communiqué écrit par ces hommes : « Nous sommes des hommes : et non des bêtes and nous n’avons pas l’intention d’être battus ou bien considérés comme tels. »
Un choix scénographique imaginé par le RIC pour mettre en contexte cette insurrection.
« On trouvait que c’était important, que les deux textes qui ont été écrits pendant la rébellion étaient fondamentaux pour comprendre les revendications. Quand on lit, on comprend qu’ils demandent le respect des droits humains, d’avoir des fruits frais, un médecin s’ils sont malades, du papier de toilette… », explique Gaëlle Morel.
Une transgression qui ne sera pas pardonnée par le système gouvernemental qui, suite à l’échec des négociations, reprendra la prison lors d’une répression sanglante.
Un événement sans précédent, documenté par les photoreportages auxquels s’ajoutent les photos prises par la police, qui marquera les esprits et sera largement repris par de nombreux artistes tels que John Lennon ou encore le poète Allen Ginsberg pour s’inscrire dans l’imaginaire de la culture pop.
ATTICA, USA 1971 : Images and Sounds of Rebellion est accompagnée de trois expositions qui forme la série Le pouvoir au peuple. L’exposition Birmingham, Alabama, 1963 : Dawoud Bey / Black Star rend hommage aux victimes de l’attentat à la bombe par le Ku Klux Klan de l’église baptiste de Birmingham, Sister(s) in the struggle : Angela Davis and Kathleen Cleaver présente en portrait deux des figures féminines emblématiques du parti Black Panther, et Adam Pendleton : My education, a portrait of David Hilliard, revisite la fusillade menée entre la police californienne et des membres du parti Black Panther.
ATTICA, USA 1971 : Images and Sounds of Rebellion, Ryesron Image Center, du 18 janvier au 9 avril