Quinze ans de réclusion et 1500 coups de fouet. C’est le châtiment qu’encourt un ressortissant saoudien accusé de trafic de stupéfiants. Pour le même délit, la Cour de cassation de Riyadh a aussi condamné un Yéménite et un Syrien à la peine de mort.
Un petit groupe de Torontois francophones s’activent cependant pour sauver les deux condamnés à la peine capitale. Membre de la section francophone de Toronto d’Amnistie internationale, Madeleine Zaffarano lit à ses collègues la lettre qu’elle vient d’adresser aux autorités saoudiennes pour tenter de les convaincre de ne pas exécuter les deux hommes.
Sachant que ce même pays a exécuté 65 personnes depuis le début de cette année et que de telles lettres sont restées sans réponse par le passé, les six participants à la réunion du 14 novembre gardent malgré tout une lueur d’espoir que les deux sentences seront commuées pour des peines moins sévères qui respectent la dignité humaine.
Une copie de cette lettre a été également adressée au ministre des Affaires étrangères du Canada, à l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Ottawa ainsi qu’à l’ambassadeur du Canada à Riyadh.
C’est un combat sans relâche que ces défenseurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme mènent depuis quelques années pour tenter de faire libérer des prisonniers politiques, d’abolir la peine de mort et de faire cesser la torture à travers le monde.
Le groupe francophone essaie par exemple de faire pression sur les quelque 30 États américains qui ont maintenu la peine de mort, de faire libérer des prisonniers politiques au Vietnam, en Chine, en Iran et en Colombie. Ils se préoccupent également du sort des enfants soldats au Congo.
« La Californie a voté de maintenir la peine de mort à 53 % lors des dernières élections aux États-Unis », constate Chantal Smieliauskas. « Oui, mais c’est mieux que 78 % lors du dernier référendum en 1978 », s’empresse de faire remarquer Madeleine Zaffarano, preuve que, selon elle, il ne faut jamais perdre espoir.
C’est bien ce sentiment d’espoir qui anime les quelque 20 membres actifs de ce groupe, rattaché à Amnistie internationale Canada francophone et à l’organisation Amnisty International. La plupart se sont joints au groupe parce qu’ils connaissaient déjà un membre. Quant à Djenada Sambo, elle militait déjà pour les droits de l’homme dans son pays natal avant d’arriver au Canada en 2007.
Giulio, responsable du dossier « enfants soldats » au sein du groupe, trouva tout naturel de s’affilier au groupe il y trois ans, étant un avide défenseur de la démocratie et de la liberté de pensée. Olivier Rousseaux, jeune Français nouvellement arrivé à Toronto après un séjour au Vietnam, souhaitait faire partie d’une organisation humanitaire dès son arrivée dans la Ville reine.
Créée en 1961 et basée à Londres, cette association internationale à but non lucratif jouit à travers plus de 50 pays d’une grande notoriété puisque son président s’est vu décerner le prix Nobel de la paix en 1974. Puis en 1977, ce fut le tour de l’organisation elle-même de recevoir cette haute distinction.
Yveline Baranyi, présidente de la section torontoise, fait un état rapide du budget en fin de réunion. Indépendant de tout gouvernement, de toute idéologie politique, de tout intérêt économique et de toute religion, le mouvement compte seulement sur les dons et la somme minimale requise versée par les adhérents pour rédiger et envoyer les quelque 20 à 30 lettres chaque mois aux quatre coins du monde. C’est pourquoi, vous les trouverez prochainement à solliciter des dons lors du Salon du livre de Toronto ou du festival Word On The Street.
Frappées du sigle distinctif de l’organisation, une chandelle encerclée de barbelés sur un fond jaune, les lettres sollicitent parfois une réponse, le plus souvent du gouvernement canadien, et aboutissent aussi de temps à autre à la libération de certains prisonniers, comme ce fut le cas pour la militante tunisienne Imen Derouiche-Lefebvre.
Le groupe torontois suit depuis quelques années le cas du père Van Ly, prêtre vietnamien emprisonné par les autorités de son pays pour avoir milité en faveur de la liberté de religion et de pensée. On s’inquiète d’ailleurs fortement de l’état de santé de ce prêtre qui a été réincarcéré malgré une grave maladie.
« Mieux vaut allumer une bougie que maudire l’obscurité », telle est la devise choisie par Amnistie internationale. Les membres de la section francophone locale invitent les Torontois à les aider à maintenir cette flamme d’espoir en se joignant à eux une fois par mois.
Pour plus de renseignements sur Amnistie Internationale, consultez le site www.amnistie.ca ou bien contactez Yveline Baranyi (ybaranyi@primus.ca).