La ville de Toronto fait face à de nombreux défis en ce qui concerne le développement de ses transports publics alors que la population ne s’arrête plus de grandir.
Il est dit que la Ville souhaiterait se tourner vers un modèle dit de développement durable – incluant une entente écologique, sociale et économique. Dans la lignée de ce dit modèle, les regards sont aujourd’hui tournés vers son système de transport en commun, la solution pour éradiquer la congestion du centre-ville et développer ses périphéries.
Il y a encore du chemin à faire pour Metrolinx et son système de transport qui fait pâle figure devant des modèles comme celui de l’Île de France et ses 382 stations de métro et de RER – plus du double des stations de la TTC et du Go Transit combinées…
Pourtant, Paris et Toronto ont de nombreux points communs. Les deux villes ont connu toutes deux un fort taux de croissance de leur population sur ses 20 dernières années et elles ont dû faire face à des espaces de transit congestionnés dans leur centre-ville et des transports désordonnés dans leurs zones périphériques.
La troisième plus grande métropole d’Amérique du Nord
« Toronto est la ville qui grandit le plus vite aujourd’hui en Amérique, 100 000 personnes arrivent chaque année et les projections indiquent que d’ici 15 ans, la ville aura gagné 1 million d’habitants. Voilà le plus gros défi pour la ville : où va-ton les mettre? », s’interroge Anne Golden, directrice du Ryerson City Building Institute (CBI), centre multidisciplinaire qui s’intéresse aux problématiques de la ville.
Le CBI recevait l’évènement From Grand Paris to the GTA (Du Grand Paris au Grand Toronto) en partenariat avec le Consulat général de France le mois d’octobre dernier.
La conférence accueillait des experts de trois systèmes de transport en commun; Paris (SNCF), Montréal (Agence métropolitaine de transport de Montréal) et Toronto (Metrolinx).
La conférence permettait d’explorer le fonctionnement de ces structures de transport en commun pour trouver, soit des éléments de réponses, soit des inspirations pour le développement des transports du Grand Toronto.
Double coût à Toronto et prix aligné à Paris
La question du coût est évidemment au centre des questions. À Toronto, le voyageur paye deux fois lors d’un déplacement dans le Grand Toronto, contrairement au voyageur parisien qui bénéficie depuis 2015 de prix alignés (un pass mensuel à 70€ pour le Grand Paris).
Le système qui voit le voyageur du Grand Toronto payer une première fois (TTC) et une seconde fois pour les zones périphériques à la ville (Go Transit) crée un phénomène discriminant pour les résidents des périphéries qui de plus à une incidence sur le marché immobilier de la ville.
Toronto devra donc répondre à un certain nombre de questions pour décider de sa stratégie de prix : la distance compte elle dans la formule de prix? Les disparités socio-économiques seront-elles prises en compte? Comment atteindre un consensus politique? Quel modèle de revenu pour couvrir les coûts de fonctionnement et de développement ?
Un financement couvert à 80% par les voyageurs
La question du financement des infrastructures du Grand Toronto est en effet au cœur de toutes ces questions. Aujourd’hui ce financement est couvert à 80% par le prix des billets achetés par les voyageurs de GO Transit (contre 30% (!) à Paris qui finance ses transports en commun avec des taxes et des subventions gouvernementales).
« Nous avons beaucoup de projets, explique Anne Golden qui siège au conseil d’administration de Metrolinx, mais pas assez d’argent pour tout construire. »
L’annonce de la province d’investir 32 milliard dans l’infrastructure des transports publics sur les 15 années à venir et les projets de construction en cours, par exemple aux stations Eglinton et Union, démontrent d’une poussée de la ville pour un système de transport en commun plus complet et plus équitable alors que Metrolinx développe actuellement une structure d’intégration tarifaire régionale.