Après une ouverture en fanfare au Victoria and Albert Museum de Londres, « David Bowie is » fait la première escale d’une tournée mondiale gigantesque au Musée des beaux-arts de l’Ontario (AGO). Gigantesque, le mot est lâché. À l’image de l’oeuvre de l’artiste anglais, tout dans cette exposition est hors norme : plus de 300 objets puisés directement dans les archives personnelles de David Bowie sont exposés, deux étages complets de l’AGO réquisitionnés, toutes les influences et les passions de ce touche-à-tout de génie sont passées en revue.

À l’entrée, le visiteur se voit remettre un guide audio qui, au fil de l’exposition, vient expliquer les différentes sections. Même si assez révolutionnaire techniquement parlant (pas besoin de pousser sur le moindre bouton, la bande audio s’adapte à chaque oeuvre en fonction de la position du visiteur), le procédé a malgré tout ces limites. Vu le nombres d’objets, de vidéos, de dessins ou de costumes, il n’est pas rare que les pistes se superposent, créant un brouhaha sonore assez déplaisant. Et c’est bien là que la bât blesse : « David Bowie is » est victime de son propre succès.

Si vous n’avez pas la chance de pouvoir vous rendre à l’AGO à l’ouverture des portes, fort est à parier que vous vous retrouverez coincé dans un long serpentin humain, se faufilant sur les deux derniers étages du bâtiment. De deux choses l’une: soit vous prenez votre mal en patience, quitte à rester jusqu’à plus de trois heures dans les méandres des créations de l’alter ego de Ziggy Stardust; soit vous décidez de doubler vos congénères, en faisant l’impasse sur quelques-uns des trésors exposés (et au risque d’une grosse migraine, le guide audio captant plusieurs pistes simultanément).

Malgré cela, « David Bowie is » reste une exposition qui enverra les fans de l’auteur de Space Oddity au paradis, tant elle est exhaustive. De son enfance dans la banlieue de Londres jusqu’à ses plus récents ouvrages, en passant par ses premiers groupes (de magnifiques photos des King-Bees ou des Konrads, du temps où il jouait encore sous le nom de Davie Jones); son influence sur le monde de la mode avec des vidéos de Kansai Yamamoto ou d’Alexander McQueen (responsable du célèbre manteau Union Jack de la pochette de Earthling); ses différentes apparitions au cinéma (du culte Labyrinthe au plus obscur Merry Christmas, Mr. Lawrence); sa passion pour l’écriture, la peinture et le dessin (il ne s’était jamais destiné à devenir chanteur); ses tournées gargantuesques et l’importance des technologies dans les visuels et la production musical (est entre autres exposé le synthétiseur AKS Synthi utilisé sur Low, Heroes et Lodger), tout, absolument tout, est offert aux yeux des amateurs de l’auteur de Major Tom.

Mais à force de tout montrer, l’exposition faillit à répondre à son titre-même : qui est donc David Bowie? À moins que ce personnage multi-facettes ne reste à jamais une énigme. L’exposition « David Bowie is » est présentée jusqu’au 27 novembre à l’AGO (30 $).

Photo : Astronauts of Inner Space