Le Métropolitain

L’université franco-ontarienne tend une main à la Ville

Le Comité français de la ville de Toronto se rencontrait pour la troisième fois depuis sa reprise officielle en décembre 2015. Si les deux premières réunions ont connu pas mal de couacs de procédures, le Comité semble commencer à prendre son rythme de croisière.

Alors que le gouvernement provincial annonçait il y a peu le nom des membres du conseil de planification pour une université de langue française, la présentation du dossier de ladite université devant le Comité attirait tous les regards ce lundi 5 décembre.

« Je suis ici pour vous encourager à adopter une motion pour que la Ville appuie officiellement une université de langue française dans le Grand Toronto », a déclaré Alain Dupuis du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) devant les membres du Comité.

Le directeur général du RÉFO se basait sur les prévisions chiffrées de l’immigration francophone à Toronto qui regroupera bientôt la moitié des francophones de l’Ontario.

Alain Dupuis du RÉFO soutenait le projet de l’université franco-ontarienne devant le Comité

« On doit construire plus d’infrastructures éducatives. Aujourd’hui, on n’a pas la capacité de les éduquer en français au niveau post-secondaire. Plusieurs doivent quitter la région. C’est un exode de personnes qui ne décident pas toujours de revenir », rapporte le représentant du RÉFO.

« Les impacts seraient majeurs. Ce serait une façon de retenir nos jeunes, une façon de freiner l’assimilation. Il y aurait également un impact sur le développement du savoir en français. Il y aurait des impacts économiques pour cette capitale économique qu’est Toronto », ajoute Alain Dupuis.

« C’est un projet qui m’enthousiasme » – Norm Kelly

Une présentation accueillie avec force par le Comité qui a appuyé à l’unanimité une motion visant à encourager la Ville à prononcer son soutien au projet de l’université de langue française.

« C’est un projet qui m’enthousiasme. Je m’engage à m’impliquer au maximum pour aider à la réalisation de ce projet, déclare Norm Kelly, co-président du Comité, qui ajoute imaginer l’université dans le centre-ville, comme l’Université Ryerson. C’est jeune, c’est vibrant, c’est excitant. »

Le coprésident et conseiller municipal Norm Kelly se dit enthousiasmé par le projet d’une université de langue française dans le Grand Toronto

Un soutien surprise qui pourrait avoir son poids dans les avancées du dossier de l’université de langue française ontarienne au niveau municipal.

« Un appui unanime et le président du comité qui, on peut le lire, va continuer à en parler de façon positive. C’est non négligeable, fait part Alain Dupuis. Avoir la ville de Toronto comme partenaire, ce serait un appui moral et puis, peut-être concrètement, cela voudrait dire trouver un espace. »

Réduction d’impôts fonciers? Désignation de locaux inutilisés ou loyers à rabais? La Ville a plusieurs moyens d’appuyer le projet et devra délimiter comment elle peut apporter son aide au projet d’une université de langue française dans le Grand Toronto si elle décide de soutenir l’université.

« Trouver un emplacement qui est central, qui est accessible par métro; tout cela aurait un impact. Si on peut avoir un partenaire comme la Ville qui a des terrains peu utilisés… Et même au niveau de petites choses comme des passerelles. En ce qui concerne les infrastructures, tous les paliers de gouvernements doivent travailler de concert. »

Un dossier à suivre cependant de très près car, jusque-là, les dernières motions votées par le Comité semble être restées lettre morte. La dernière réunion en avril 2016 se penchait en effet sur le cas de la Maison de la francophonie, dont la motion d’appui avait été votée à l’unanimité. Plusieurs mois plus tard, la Ville n’a pas de réponse à donner au Comité quant à l’état des procédures concernant ce sujet. Le coprésident Norm Kelly assurait que les mises à jour seraient communiquées immédiatement aux membres du comité.

La santé publique comme objectif principal en 2017
Avec deux réunions par an, le Comité se doit de mettre en marche une procédure d’action efficace afin de décider de sa direction. Ce dernier décidait donc de délimiter une priorité d’action pour l’année 2017.

« Je préfère que l’on se concentre sur une priorité et que l’on se dise : cette année, c’est sur celle-là que nous travaillions pour obtenir un meilleur résultat et aider à l’amélioration des services en français », explique Isabelle Girard, membre du Comité.

« La santé publique touche toutes les couches de la population » – Lise Marie Baudry

Lise Marie Baudry, coprésidente, a proposé comme motion la priorisation de la santé publique comme objectif de l’année. Une motion appuyée par le Comité.
« Les politiques sur la santé publique sont amenées à subir des modifications dans le cadre d’un futur projet de loi. Ce sont des services importants pour tout le monde et pas seulement pour des sous-secteurs. La santé publique touche toutes les couches de la population. », affirme Mme Baudry, directrcie générale du Centre francophone de Toronto.

La coprésidente Lise Marie Baudry (à gauche) proposait le sujet de la santé publique comme objectif principal pour 2017

Les politiques de communication de la Ville
Suite à une demande du Comité, ce dernier assistait à une présentation sur les politiques des communications de la Ville menée par Beth Waldman, directrice des communications.

Cette dernière est revenue sur les deux politiques existantes au sein de la communication de la Ville. La politique de services multilingues et sa composante publicitaire qui recommande que les documents soient traduits dans les six à dix langues les plus parlées à Toronto.

« Si une campagne n’est pas conforme aux règles, le personnel est informé et encadré pour appliquer les modifications nécessaires », assurait la directrice des communications alors que la ville s’est déjà fait pointerdu doigt pour avoir publié des documents en omettant de proposer une traduction française.

Il faut rappeler que la Ville n’est pas assujettie à la Loi sur les services en français et de ce fait, n’est pas dans l’obligation de considérer l’application sur les deux langues officielles.

« Nous ne sommes pas concernés par la Loi sur les services en français, mais nous essayons de refléter les différents groupes et langues parlées à Toronto. », observe Mme Waldman.

Selon les chiffres de 2013 à 2016, le français est à la troisième langue dans laquelle la Ville a investi après le chinois et l’italien concernant les campagnes imprimées, rapporte Beth Waldman.

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