Le vendredi 14 novembre, et pour la 15e année consécutive, le drapeau métis a été hissé sur la plateforme de l’hôtel de ville de Toronto, en l’honneur de Louis Riel et pour célébrer le peuple métis. Une cérémonie a eu lieu dans la salle du conseil municipal.

Louis Riel est un des personnages les plus troubles, les plus fascinants, les plus charismatiques, les plus romanesques de l’histoire canadienne. Pour ceux qui ne l’ont pas encore lu, Louis Riel, de l’auteur de romans graphiques torontois Chester Brown, offre un aperçu sobre d’une vie qui ne l’était pas. Louis Riel, c’est un révolté. Contre la Couronne, contre les injustices faites à son peuple, les Métis, et contre les injustices linguistiques. Dans son gouvernement provisoire, Riel a donné l’égalité des droits aux anglophones et aux francophones, quand bien même ces derniers étaient largement majoritaires au Manitoba. 

Pour sa rébellion, il fut pendu. 

Loin de chez lui, à Montréal. Un matin humide de novembre 1885. Le 16, exactement. Si la date est importante, c’est parce qu’aujourd’hui, tous les 16 novembre, son nom est célébré. Et à travers lui, tous les membres du peuple métis. Un peuple né de deux cultures : européenne et aborigène. « Unies ensemble pour l’éternité, comme le montre notre drapeau, dont le symbole représente deux cercles unis pour former le sigle de l’éternité, mentionne France Picotte, vice-présidente de la Nation métisse de l’Ontario. C’est un héro du Manitoba, mais c’est aussi un héros pour tous les Métis, où qu’ils soient au Canada. Ici en Ontario, nous sommes beaucoup de Métis! » 

Quant aux facettes plus sombres du personnage, dont les dernières années sont marquées par une folie mystique (il se prend pour un prophète), elle en sourit. « Les Métis aussi ont longtemps été controversés. C’est le fun, ça démontre qui on est! Louis Riel, c’est qui on est! », poursuit-elle. 

À ses côtés, des amis métis. Rita Gordon, sénatrice de la nation métisse, qui se dit « fière de penser qu’il a donné sa vie pour le peuple métis. Fière que la ville de Toronto nous donne cette opportunité de nous rassembler. »

Tous ici, portent la ceinture fléchée « comme un honneur ». Et tous savent au moins quelques mots de Michif, la langue des Métis. C’est le cas de Cécile Wagar (née Belle-Humeur), de Penetanguishene : « La ceinture, c’est le lien qui nous unis tous. Tous les Métis. »

Comme chaque année, le conseiller municipal Mike Layton, fraîchement réélu, assiste à la cérémonie. Depuis qu’on lui a offert en 2012, lors de la même cérémonie, une ceinture fléchée, c’est avec fierté qu’il la porte. « Je ne suis pas Métis, je suis un homme blanc, anglophone, privilégié, mais je suis sensible à cette culture, ainsi qu’aux cultures aborigènes, dit-il. Je sais que le gouvernement a essayé de supprimer ces cultures, notamment avec les pensionnats autochtones. »