Le drapeau franco-ontarien a été levé à l’hôtel de ville le 25 septembre dernier, jour des Franco-Ontariens, dans une ambiance de tension diffuse entre les deux conseils scolaires francophones de Toronto. La fête a eu lieu malgré tout, grâce à l’enthousiasme des enfants.

Mohamed, est en 6e année, à Etobicoke. Il a un très beau maillot de l’Algérie sur le dos, et il est content d’être là. Nous sommes le 25 septembre. Depuis 2010, c’est la journée provinciale du drapeau franco-ontarien. La journée de tous les Franco-Ontariens. Avec toute son école, Mohamed est venu le regarder, ce drapeau. Le regarder ce lever dans le ciel bleu de Toronto. 

Aujourd’hui, Mohamed est assis avec ses copains devant l’Hôtel de ville de Toronto, qui bruisse de la campagne municipale en cours. Il y a du monde, il est un peu maquillé. Son maillot de l’Algérie, il l’a mis parce qu’il est vert et blanc. « Comme les couleurs du drapeau franco-ontarien », précise-t-il. Le clin d’œil est sympa. Est-ce que Gaëtan Gervais, professeur d’histoire à l’université Laurentienne de Sudbury avait pensé qu’un petit Mohamed, un jour, serait si content de venir voir monter le drapeau qu’il a inventé?

Après tout, ce drapeau, qui représente le vert des forêts ontariennes, et le blanc de la neige, a une symbolique rurale, ancrée dans cet Ontario des campagnes rugueuses du Nord et de l’Est. Toronto n’est pas dans l’imaginaire de la création de ce drapeau, mais les francophones d’ici ne sont pas à ces détails près et, à l’image du petit Mohamed, ils se le sont appropriés.

Par grappes, par écoles, des deux conseils scolaires de langue française de Toronto, ils sont venus lui rendre hommage. Un hommage joyeux, bruyant. Des trompettes, des banderoles, des maquillages, des cris, du chahut.

Tout commence par des interventions d’élèves qui rappellent les grandes heures de l’Ontario français. Étienne Brûlé, Champlain, la défaite, les Anglais, les batailles pour l’éducation en français… Puis, quelques discours d’adultes. Notamment celui de Gilles Marchildon, président de 

l’ACFO, qui tenta gentiment de lancer une chanson. Ceux des premiers rangs suivirent. Ceux du fond continuèrent de bavarder…

Puis, ce fut la montée du drapeau par M. Marchildon et le conseiller municipal Lee Chin sur l’air de l’hymne franco-ontarien, repris en chœur : « Mon beau drapeau ». Enfin, les écoles s’ébrouèrent. Ce fut le temps de vider les lieux. Et Mohamed de nous glisser, avant de partir : « Je suis très fier d’être Franco-Ontarien. Nous ne sommes pas nombreux en Ontario, alors je suis content qu’avec moi, on est un de plus! »