La Coalition de parents pour une école secondaire de quartier (PESQ) a déposé le mardi 13 juin un recours auprès de la Cour supérieure de justice de l’Ontario pour réclamer la création d’un établissement de langue française dans le sud-est de Toronto.
« Cette action en justice est la seule voie que nous ayons trouvée pour faire respecter nos droits. Notre rencontre en mars dernier avec la ministre de l’Éducation Mitzie Hunter ne s’est pas traduite par des actes concrets », regrette Lianne Doucet, membre du regroupement créé en 2007 et à l’origine d’une pétition qui a recueilli 1500 signatures en 2014.
Comme de nombreux parents, elle est confrontée au choix difficile d’inscrire ses enfants dans une école secondaire anglophone de proximité et de qualité ou parcourir une grande distance pour leur offrir une éducation dans leur langue dans un établissement francophone, moins bien équipé. Faire une heure de trajet pour être moins bien servi et assimilé révolte une douzaine de parents qui ont décidé de porter l’affaire devant les tribunaux.
« Nous revendiquons le droit pour les francophones à une instruction de qualité équivalente à celle des anglophones. Ce droit est garanti par l’article 23 de la Charte canadienne des droits et des libertés, dès lors que leur nombre est suffisant, argumente Me Nicolas Rouleau, avocat de la Coalition dont le recours sera traité dans les prochains mois devant le tribunal. On espère qu’une décision sera rendue en début d’année prochaine, sachant qu’elle est susceptible d’appel par l’une ou l’autre des parties. »
Dans ce quartier qui a vu sa population francophone fortement augmenter et qui compte trois écoles élémentaires totalisant un millier d’élèves, le besoin est important. « Il nous faut des fonds et un emplacement avec des possibilités de croissance. Nous sommes ouverts à toutes les possibilités, y compris partager un lieu entre une école catholique et une école publique. Pourquoi pas un carrefour communautaire qui comprendrait une garderie? », avance Mme Doucet.
L’incompréhension domine chez les parents qui réclament cette école depuis une dizaine d’années et alors même qu’il existe plusieurs sites potentiels dans ce secteur que la Province pourrait dédier à la provision d’une école francophone, notamment des établissements en sous-capacité. Les conseils scolaires Viamonde et MonAvenir se sont vu refusé jusqu’ici l’octroi de financement pour une telle acquisition.
Le Conseil scolaire catholique MonAvenir a réitéré, dans un communiqué, son engagement à ce qu’un tel projet puisse se réaliser, déplorant que les élèves aient à « parcourir de grandes distances afin de se prévaloir d’une éducation catholique de langue française » et rappelant soumettre chaque année « des demandes de financement auprès du ministère de l’Éducation (MÉO) pour que de nouvelles installations scolaires, équivalentes à celles offertes à la majorité de langue anglaise, puissent être construites ».
« Nous avons déposé un plan d’affaires pour l’ouverture d’une école d’une capacité de 1000 places, avec demande de financement d’une garderie pouvant accueillir jusqu’à 200 enfants. Nous sommes toujours en attente de l’appui du MÉO pour pouvoir aller de l’avant avec ce projet », s’impatiente le Conseil MonAvenir.
De son côté, la ministre de l’Éducation s’est dite « à l’écoute des préoccupations » des parents, affirmant « continuer de travailler avec le Conseil scolaire Viamonde pour examiner leurs options en ce qui a trait aux installations. » Mitzie Hunter a rappelé par ailleurs qu’une nouvelle école va voir le jour à l’automne, à Scarborough. « Cette école servira les élèves du pallier secondaire du système catholique francophone dans le sud-est de Toronto, notamment les quartiers de Leslieville-Danforth et des Beaches, » a-t-elle indiqué.
« Seul un tiers de notre zone sera éligible à cette école, dont la capacité de 500 places sera vite atteinte, et il faudra être catholique », nuance Lianne Doucet.
L’avocat qui a obtenu gain de cause dans une affaire similaire en Colombie-Britannique pour l’ouverture d’une école élémentaire, se dit confiant dans la suite des événements. « On aurait préféré une collaboration constructive avec le gouvernement, explique
Me Rouleau. D’ailleurs la porte n’est pas fermée à la discussion. On espère que le gouvernement se rendra compte du bien-fondé et de la légitimité de notre demande. »
Photo (Geneviève Smith) : L’avocat Nicolas Rouleau défend la coalition représentée, de gauche à droite, par Melody Johnson, Lianne Doucet et Heidi Pospisil.