Les lieux de mémoire de Muguette Myers

C’est dans le cadre de la Semaine de l’éducation sur l’Holocauste que Muguette Myers revenait sur son enfance durant les temps obscurs de la Seconde Guerre mondiale.

Le matin, elle rencontrait les élèves de l’École secondaire catholique Monseigneur-de-Charbonnel. Le soir, c’est aux spectateurs de l’Alliance française qu’elle racontait son histoire.

Elle offrait également l’ouvrage Les lieux du courage à ses auditoires. Le livre, racontant les mémoires de cette survivante, était offert en partenariat avec la fondation Azrieli, organisme philanthropique soutenant, entre autres, les programmes éducatifs sur l’Holocauste.`

Aujourd’hui âgée de 85 ans, Muguette Myers n’a pas perdu son sourire enfantin et elle ponctuait son histoire d’anecdotes du passé.

Son histoire, c’est avant tout l’histoire d’une enfant qui avait sept ans quand a débuté la guerre. Une enfant qui devra se déplacer à travers la France pour échapper aux Nazis et qui devra apprendre à mettre son identité juive de côté durant la guerre.

Si elle explique ne pas avoir beaucoup de souvenirs du début du conflit, elle se rappelle comment les choses ont changé quand il a fallu porter l’étoile jaune, mais également du jour où l’armée allemande a envahi la France.

« Je me souviens très bien de l’arrivée des Allemands. Un jour, on a entendu un grondement qui venait du haut de la route. C’était les chars qui descendaient! » Voilà les Boschs, crie la petite fille à sa mère qui accourt pour fermer les volets. C’est à travers les trous des battants que, toutes deux, elles regarderont les Allemands passer.

C’est grâce à l’une de ses tantes, qui travaillait à la préfecture et qui les prévient à temps, que sa famille échappe à la Rafle du Vel’ d’Hiv en juillet 1942. « Le lendemain, c’était le 16 : la grande rafle. »

Commence alors un périple dans plusieurs villages de France, où elle sera prise sous les ailes de paysans. Muguette Myers aura la chance d’avoir sa mère à ses côtés durant la quasi-totalité de la guerre. Une chance que tous les enfants juifs cachés n’ont pas eue. « Quand maman était là, je n’avais peur de rien. »

Durant la guerre Muguette Szpajzer devient Marie Bella et commence à étudier le catéchisme pour mieux se fondre dans le moule. « J’étais très fière quand le curé annonçait du haut de sa chaire le dimanche : Marie Bella, première en catéchisme. »

La fin de la guerre arrivera avec les Américains, dévalant la même pente que les Allemands quelques années plus tôt, en jeep, à des allures folles, se rappelle Muguette Myers.
Peu de temps après la fin de la guerre, en 1947, sa famille décidera de quitter la France pour le Canada et plus particulièrement Montréal, ville où réside toujours celle qui fut Marie Bella.