Ça y est, c’est reparti, ils ont repris la route. Ils? Elles plutôt : Les Giselles. Le groupe de musiciens venus du nord qui s’est donné la gazelle pour blason et maître-étalon énergique. Celui-là même que l’on annonce partout à coups de roulements de tambours et que les francophones voient généralement bondir ici et là au moment des fêtes sur les scènes de la province.

Cette année, le groupe qui aligne ni plus ni moins que huit musiciens sur scène, dont une étincelante section de quatre cuivres, a repris du service au Cercle de l’Amitié, à Mississauga. En février dernier, pendant le carnaval, le groupe avait laissé non pas seulement un bon souvenir mais le désir ardent de le voir revenir enflammer la piste à la première occasion. Les revoilà donc pour une deuxième fois.

Les Giselles ont ce pouvoir de mettre les corps en mouvement spontané. Parfois même contre le gré des protagonistes. Tout est dans la rythmique, là réside la force d’attraction de ce groupe qui excelle à briser les pesanteurs et à transporter ses spectateurs. Ici, une mise en garde s’impose : avec près de 40 titresvitaminés par de savants arrangements et des tempos incompatibles avec toute baisse de régime, il faut dès lors se préparer à essuyer de grosses gouttes.

D’autant que Les Giselles ont à leur répertoire quelques opus—obus? — spécialement calibrés pour faire sauter les digues des ultimes inhibitions. « C’est simple, on a des chansons qui sont de véritables machines à faire danser. On a mis tout ça au point au cours de nos répétitions. Même nous, les musiciens, on se regardait pour se demander d’où venait ce truc incroyable », plaisante à peine, Benoît Clément, son trompettiste et fondateur.

La recette de leur succès, éprouvée par une quarantaine de représentations, confirmée par de nombreux prix, saluée par des centaines de spectateurs depuis la naissance du groupe, exige toutefois de temps à autre un nécessaire toilettage. C’est l’hygiène des artistes contre leur propre ennui. Et l’antidote indispensable à la lassitude des spectateurs, qui ont l’ouïe aussi fine que leur désir de nouveauté est insatiable.

Le répertoire des Giselles intègre donc cette année les dernières créations issues de leurs expérimentations échevelées en studio. Certains morceaux de Claude François, aux propriétés électrisantes pourtant attestées, ont vu leur voltage rehaussé d’un cran. Le résultat? Foudroyant.

« Elle s’appelait Serge », des Trois Accords, le titre qui passait naguère en boucle sur les platines des radios et qui commençait à toussoter, connaît lui aussi une second souffle sous l’effet conjugué du quatuor de cuivres et des vocalisations stylisées de la chanteuse du groupe, Pandora Topp. Résultat de la soirée? On attend toujours que les participants se remettent pour avoir leurs témoignages.

Photo : Les Giselles.