Jean-François Gérard

L’Université de l’Ontario français (UOF) revendique une place originale au sein de la recherche universitaire. Un colloque s’y tenait le vendredi 15 mars pour présenter aux autres collègues, ainsi qu’aux partenaires, les travaux menés par les professeurs du jeune établissement.

Fondée en 2017, l’UOF a accueilli ses premiers étudiants en 2021 et compte désormais 25 enseignants-chercheurs. Ce total augmente chaque année au gré des recrutements, de l’augmentation des effectifs étudiants et de l’ouverture de nouveaux programmes.

À défaut de pouvoir rivaliser avec les vastes effectifs des grandes universités du pays, l’UOF cherche « à se nicher dans les transitions et en lien avec la francophonie, décrit Linda Cardinal, vice-présidente chargée de la recherche. C’est pour cela que nous avons été créés ».

Ce positionnement stratégique contribue selon elle à s’intéresser à des domaines originaux comme la « géopolitique des migrations ». Un programme pour lequel elle a trouvé peu d’équivalent dans les plans de recherche des autres universités canadiennes.

« Vos créneaux sont porteurs », dit-elle aux universitaires lors de son discours d’ouverture. Et c’est aussi « par la recherche que nous sommes connus » et que l’identité de l’UOF se forge, poursuit-elle.

La première des cinq composantes à se présenter était celle des « Environnements urbains ». L’occasion de faire valoir la variété des études en cours par ses membres. Parmi les domaines examinés, on retrouve les conditions de travail des chauffeurs Lyft et Uber, l’architecture arabo-musulmane dans le patrimoine, la manière dont les espèces animales sont prises (ou non) en compte dans les politiques environnementales ou encore la vie de J.-O. Marchand, premier architecte canadien diplômé de l’École des Beaux-Arts de Paris…

Frédérik Lefebvre, professeur dans ce département, met en avant aussi les collaborations entre universités. Il travaille avec d’autres chercheurs de l’UQAM et McGill, à Montréal et s’intéresse notamment à la densification des villes et « un discours presque lèche-botte dans les médias, comme quoi c’est ce qu’il faut faire ». Or son instinct lui fait penser que ce sont « surtout des variables économiques qui profitent aux développeurs », qui dominent.

Le chercheur a aussi évoqué un travail sur le bruit dans lequel il impliquera ses étudiants. « Est-ce que 65 décibels sont perçus de la même manière lorsque c’est le vent qui souffle sur le lac Ontario ou lorsqu’il s’agit d’un bruit de klaxon? », questionne-t-il.

Situé sur le bord du lac, l’UOF cherche à se rapprocher de la société et son environnement immédiat. Mischa Young, un autre professeur en Environnements urbains, donne un exemple de collaboration envisagée : « L’aéroport Billy Bishop nous avait démarché pour une étude sur l’impact positif sur l’environnement d’avoir un aéroport en centre-ville ». Mais l’UOF n’a pas donné suite, peu convaincue de la cohérence avec ses axes stratégiques.

Le 27 mars, l’UOF a mis en ligne un site sur les recherches menées dans l’établissement et lancé un groupe de travail sur les conditions socio-économiques de la francophonie ontarienne.

Photo : Imen Ben Jemia