Les électeurs canadiens ont exprimé leur désir de voir un changement de garde s’exercer à Ottawa, élisant un gouvernement libéral le lundi 19 octobre. Preuve que la population souhaitait du changement, le pays passe d’un gouvernement conservateur majoritaire à un gouvernement libéral majoritaire.
Ainsi, après tout près d’une décennie à la tête du pays, Stephen Harper a été chassé du pouvoir. Du même coup, le Nouveau Parti démocratique (NPD) a lui aussi encaissé d’importantes pertes alors que la fameuse vague orange de l’élection de mai 2011 ne s’est pas répétée.
C’est donc dire que le chef libéral Justin Trudeau dirigera le pays et deviendra le deuxième plus jeune premier ministre de l’histoire du Canada. Dans son discours de victoire, Justin Trudeau a estimé que les Canadiens ont voulu faire passer comme message, lors de cette élection, que la politique peut être une force positive.
Toujours au cours de ce même discours prononcé majoritairement en anglais, il a lancé quelques flèches envers son prédécesseur.
« Nous avons battu la peur avec de l’espoir, nous avons battu le cynisme avec du travail acharné et nous avons battu la politique négative avec des idées », a-t-il lancé.
Quant au premier ministre sortant, il semblait en quelque sorte soulagé de quitter le pouvoir, au moment de s’adresser à ses militants de la région de Calgary.
« Je prends la seule et entière responsabilité pour la déception que vous ressentez ce soir. Par contre, la population a toujours raison », a-t-il commenté au sujet de la défaite de son parti, qui comptera désormais une centaine de députés à la Chambre des communes.
« Nous avons donné tout ce que nous avions à donner et nous n’avons aucun regret », a ajouté Stephen Harper lorsqu’est venu le temps de revenir sur son règne de près de dix ans, sans toutefois élaborer sur son éventuelle démission.
La francophonie n’y échappe pas
Le mécontentement exprimé envers le gouvernement sortant au profit du Parti libéral s’est également observé au sein de la francophonie canadienne. Les libéraux sont en effet parvenus à remettre la main sur quelques circonscriptions qui leur avaient échappé durant les années Harper.
De ce nombre, notons celle de Saint Boniface-Saint Vital. Traditionnellement libérale, cette circonscription manitobaine était celle de l’ancienne ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles Shelly Glover depuis 2008. Son successeur, François Catellier, n’a pas fait le poids devant le libéral Dan Vandal.
Même scénario du côté de Glengarry-Prescott-Russell, dans l’Est ontarien, où le conservateur Pierre Lemieux avait mis fin à des décennies de domination libérale en 2006. Le 19 octobre, M. Lemieux a été délogé par le libéral Francis Drouin.
Notons également que les libéraux ont repris la circonscription de Sudbury, des mains du NPD cette fois. C’est l’homme d’affaires, éditeur et avocat Paul Lefebvre, notamment actif dans le milieu des médias communautaires francophones, qui y a été élu.
Toujours au chapitre des gains réalisés par les libéraux, impossible de passer sous silence l’élection avec une certaine aisance de Serge Cormier dans Acadie-Bathurst. Il s’agit de l’ancienne circonscription d’Yvon Godin, qui avait décidé de se retirer de la vie politique. Le candidat néo-démocrate Jason Godin n’a pas été épargné lors de ce balayage du Parti libéral dans les provinces de l’Atlantique.
Autre circonscription-phare au sein de la francophonie canadienne, celle d’Ottawa-Vanier est demeurée un château-fort libéral, le candidat Mauril Bélanger y étant réélu avec une confortable avance une fois de plus.
Ce dernier pourrait-il figurer parmi les candidats potentiels au poste de ministre des Langues officielles, ou si le chef Justin Trudeau confiera plutôt cette responsabilité à un député québécois comme Stéphane Dion ou Pablo Rodriguez? Les prochains mois nous le diront.
Photo: Justin Trudeau entouré de ses candidats du Grand Toronto