Qui aurait cru, en février, que les Ontariens s’arracheraient bientôt masques, gants et désinfectants? C’est pourtant le cas et cette situation d’urgence a levé le voile sur le pire et le meilleur de la nature humaine. C’est ainsi que les médias ont accordé beaucoup d’attention à ceux qui amassent une quantité astronomique d’un même produit pour ensuite le revendre en ligne avec profit, mais aussi à ceux qui font des efforts pour aider leurs concitoyens.

De nombreux brasseurs et distillateurs ont ainsi mis la main à la pâte pour résoudre un des aspects de la crise que traverse la population : la pénurie de désinfectant. En effet, la principale composante d’un désinfectant est l’alcool, et il n’est pas très difficile pour une entreprise se spécialisant dans la bière ou les spiritueux de s’adapter pour produire du désinfectant pour les mains.

On trouve dans le Centre-Sud-Ouest de l’Ontario plusieurs exemples de cette tendance. Un des plus importants distillateurs au Canada, Corby Spirit and Wine Ltd, a annoncé le jeudi 19 mars que le désinfectant s’ajoutait désormais à sa gamme de produits. C’est dans ses installations de Windsor (Walkerville Hiram Walker & Sons Distillery) qu’est produit le précieux liquide. Les bouteilles sont distribuées à Windsor et à la Commission des transports de Toronto.

Un autre géant s’est joint à la lutte contre la COVID-19. La brasserie Labatt a adapté ses installations de London Toronto, Edmonton, Montréal et Vancouver pour produire 50 000 bouteilles de désinfectant qui seront remis aux travailleurs de première ligne, à ceux qui travaillent dans les restaurants servant des mets à emporter de même qu’aux banques alimentaires. L’entreprise suit les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé pour mener à bien la mise en œuvre de cette initiative.

Corby Spirit and Wine Ltd et Labatt ne sont pas les premières entreprises de ce domaine à s’improviser fabricants de produits sanitaires et ce sont en fait les petits joueurs qui ont montré le chemin à suivre.

La distillerie Junction 56, à Stratford, était jusqu’à la mi-mars connue pour son gin, son whisky et sa vodka. Lorsque la pénurie de désinfectant pour les mains a commencé à se manifester, le propriétaire Mike Heisz a converti une partie de ses capacités de production pour pallier ce problème et venir en aide aux policiers, au personnel médical et autres répondants de première ligne.

Il en est de même d’une distillerie de Beamsville, dans la région du Niagara. Geoff Dillon, propriétaire de Dillon’s Small Batch Distillers, a décidé de fournir en bouteilles de désinfectant les services policiers, les services municipaux, Meals on Wheels, les hôpitaux et les résidences de soins de longue durée.

Depuis que cette petite entreprise a débuté, le 13 mars dernier, la réorientation de ses capacités industrielles à cette fin, elle a été rejointe dans ses efforts par un autre artisan de la région : Limited Distilling à Niagara-on-the-Lake.

Toronto n’est pas en reste. Spirit of York Distillery vend ses bouteilles de désinfectant et remet les profits amassés à des banques alimentaires. Les aînés et les personnes à faible revenu peuvent s’en procurer gratuitement. L’entreprise a commencé à s’investir dans ce domaine aussitôt que les épiceries et pharmacies ont été envahies de consommateurs impatients de faire des provisions de ce produit. De son côté, Reid’s Distillery a simplement choisi de donner ses bouteilles de désinfectant en se fiant sur la bonne volonté des gens pour qu’ils n’en amassent pas plus que nécessaire.

Santé Canada a assoupli ses règles relatives à la vente de désinfectant pour les mains afin de permettre cet effort collectif. Le gouvernement de l’Ontario encourage d’ailleurs le secteur privé à offrir son soutien quant à la production de tout ce qui peut être utile pour surmonter la pandémie.

PHOTO: La distillerie Spirit of York remet les profits de la vente de désinfectant à des banques alimentaires.