Pour accompagner le défunt au passage de la vie éphémère sur Terre à l’éternel séjour au Paradis, les Musulmans suivent des règles bien précises. Lors d’une récente conférence donnée au Musée royal de l’Ontario (ROM), la conservatrice émérite Lisa Golombek a présenté quelques-unes de ces traditions connues sous le nom de « hadîth ».
Cette soirée s’inscrivait dans le cadre d’une série de cinq conférences en anglais sur divers aspects de l’histoire et de la culture du Caire. Ces présentations sont organisées en collaboration avec Conseil canadien de l’imam des chiites ismaéliens et Son Altesse l’Aga Khan. Elles accompagnent l’exposition Le Caire et ses secrets : Les textiles islamiques anciens présentée au ROM jusqu’au 25 janvier prochain.
C’est au linceul utilisé pour envelopper le corps et aux monuments érigés à la mémoire du défunt que Lisa Golombek s’est penchée de plus près.
« J’ai toujours été intéressée par le Moyen-Orient, ainsi qu’à l’art et à l’architecture. J’estime aussi que l’art est la meilleure façon d’étudier une civilisation », concluait-elle lors de la conférence.
Les « hadîth » sont en général attribués au prophète Mahomet lui-même, ou bien à ses compagnons. Des variantes apparaissent selon qu’on se réfère au sunnisme ou bien au chiisme, les deux grands courants au sein de l’Islam. Les règles ont aussi évolué au cours du temps.
La tradition musulmane veut qu’on enterre le mort le plus rapidement possible. On lave donc le corps et on l’enveloppe d’un linceul. Cette enveloppe en coton ou en lin composée parfois de trois morceaux recouvre entièrement le corps. Dans certains cas, la bouche est laissée à découvert afin que le mort puisse réciter ses prières lors du jugement dernier. On utilise également des bandelettes de coton ou de lin appelées « tiraz ». Ces bandelettes sont souvent ornées d’inscriptions décoratives qui rappellent des extraits du Coran, le nom du défunt et la date de sa mort. On trouve de magnifiques exemples de ces « tiraz » l’exposition Le Caire et ses secrets : Les textiles islamiques anciens. Ces bandelettes ont survécu les vicissitudes du temps grâce au climat sec de l’Égypte.
Du corps du défunt, on ne retrouve en général nulle trace. Le mort est enterré dans un cimetière dans la plus grande simplicité, dans son linceul à même le sol. Aucun objet personnel ne l’accompagne dans sa tombe. On ne l’embaume pas non plus.
La taille du monument funéraire ensuite érigé varie bien évidemment selon le rang qu’occupait le défunt dans la société. On y va d’une simple stèle en pierre à un magnifique mausolée en marbre. L’édifice prend souvent la forme d’un cube coiffé d’un dôme. Des jardins, rappelant ceux qu’on trouve au Paradis, permettent à la famille du défunt de venir se recueillir et même se rassembler. L’exemple le plus spectaculaire demeure sans aucun doute le célèbre Taj Mahal à Agra en Inde. Ce mausolée en marbre blanc fut construit par un empereur moghol en mémoire de son épouse.
Pour en savoir plus sur le Musée royal de l’Ontario : http://www.rom.on.ca/fr
Un rappel que des guides offrent des visites du ROM en français tous les jours à 14 h (sauf le mardi).
Photo : « Tiraz » orné d’oiseaux