Le Mois de l’histoire des Noirs (MHN) est une occasion de souligner les multiples réalisations et apports de Canadiens noirs qui ont grandement contribué au développement culturel, social et économique de la communauté dans laquelle nous vivons aujourd’hui.
Dans la région, la directrice générale du Centre francophone du Grand Toronto, Florence Ngenzebuhoro, est l’une de ces personnes dont le parcours inspirant doit être célébré et raconté.
Réfugiée du Burundi, elle est récipiendaire de la médaille de l’Ordre de la Pléiade pour l’année 2020 destinée à reconnaître les mérites des personnalités qui ont contribué à l’épanouissement de la langue française en Ontario.
« J’ai été très honorée de recevoir cette nomination, raconte en toute humilité Mme Ngenzebuhoro. C’est vrai que je travaille pour la communauté depuis plus de 25 ans mais je ne suis pas la seule, il y en a beaucoup d’autres comme moi! C’est plutôt un prix que je partage avec toutes les personnes qui m’ont aidée, entourée, encouragée et motivée au fil des années. Je leur dois beaucoup. »
Mme Ngenzebuhoro est arrivée au Canada en avril 1994 du Burundi avec sa famille à la frontière canadienne sur le Peace Bridge, pont international entre le Canada et les États-Unis à l’extrémité est du lac Érié, à la source de la rivière Niagara. Il relie Buffalo, New York, à Fort Érié.
« Je suis arrivée comme réfugiée, fuyant l’oppression dans mon pays avec deux valises, beaucoup de craintes et d’espoir, raconte-t-elle. À l’époque, il n’y avait pas de services en français pour les nouveaux arrivants, il fallait demander de l’aide en anglais. »
Cette lacune l’avait marquée et dès qu’elle en a eu l’occasion, elle est allée rencontrer le directeur général de l’époque du Centre de santé communautaire de Hamilton-Niagara (CSCHN) à Hamilton, Robert Bisson.
« Je lui ai dit que je voulais les aider à développer des services en français pour les immigrants dans la région, se souvient-elle. C’est alors que le CSCHN m’a offert un contrat de quatre mois pour débuter. Par la suite, j’ai trouvé du financement en 1995 pour aider les femmes immigrantes. Mais je voulais offrir des services pour tous les membres de ces familles, pas juste les femmes. »
Mme Ngenzebuhoro possède une formation en droit civil acquise au Burundi et a fait une maîtrise en travail social de l’Université Laurentienne, ce qui lui a ouvert plusieurs portes au cours des années qui ont suivi.
Puis, le CSCHN et le Centre francophone de Toronto ont été les premiers à recevoir du financement sur cinq ans pour mettre en place des programmes et services pour les nouveaux arrivants.
« Mon travail a été de sensibiliser Citoyenneté et Immigration Canada aux besoins de cette population immigrante au pays, affirme-t-elle. J’ai alors développé avec l’équipe du CSCHN toute une programmation de services à Hamilton. »
Ses succès et son éthique de travail l’ont menée au ministère des Services sociaux et communautaires où, pendant dix ans, elle a été responsable de la mise en œuvre des services en français. Elle a géré l’administration des programmes et le financement visant les programmes de violence faite aux femmes et à leurs enfants.
Elle a également été responsable des services en français pour la région Ouest au ministère des Services sociaux et communautaires et des Services à l’enfance et à la famille.
« Ce poste m’a beaucoup aidée à renforcer l’importance d’avoir des services en français de qualité dans la communauté, confie-t-elle. Puis, j’ai postulé au Centre francophone de Toronto (CFT) quand le poste de la direction générale a été affiché. »
Depuis son arrivée au CFT le 1er septembre 2017, la directrice générale a réorganisé les départements, mené des consultations auprès de la communauté, ouvert des bureaux et services du CFT à Mississauga et à l’aéroport Pearson de Toronto, et a obtenu le sceau d’Agrément Canada pour l’organisme. Depuis, le CFT se nomme maintenant le Centre francophone du Grand Toronto (CFGT).
Que sera alors la suite pour le CFGT, le prochain rêve de cette femme porteuse d’espoir? « Mon souhait le plus cher est que d’ici cinq ans, le CFGT puisse acquérir des logements abordables pour les francophones du Grand Toronto. Nous voulons créer une entreprise sociale qui va régler ce problème. Et mon vœu en ce Mois de l’histoire des Noirs serait de vivre dans une société où chacun a sa place, ou l’on valorise la contribution de tout le monde, et de voir les jeunes Noirs émerger, avoir du leadership et prendre la relève. J’aimerais voir un leadership inclusif et partagé dans la francophonie », conclut Mme Ngenzebuhoro.
PHOTO – Florence Ngenzebuhoro au gala du Canada International Black Women Event en juillet 2019 où l’on rendait hommage à 100 Canadiennes de souche africaine ou antillaise qui ont fait leur marque au cours des ans.