Les élèves d’une vingtaine d’écoles secondaires des régions de Halton et Wellington ont participé le jeudi 7 décembre, à Milton, au Forum local du Français pour l’avenir.

Il s’agit d’une des 17 journées d’activités organisées à travers le Canada par cet organisme bilingue qui favorise la pratique du français par le biais d’ateliers, de conférence et de jeux.

S’il est habitué à intervenir au sein des écoles francophones pour sensibiliser à la défense de la langue française, c’est la première fois que Pier-Bernard Tremblay, alias DJ UnPier, intervenait devant une assemblée majoritairement anglophone.

Devant 200 élèves, le musicien a raconté son parcours personnel, scolaire et professionnel de Montréal à Hamilton en passant par Cambridge pour expliquer combien conserver son français était difficile dans la vie de tous les jours en Ontario, que l’on soit francophone ou anglophone. « Au bout de 16 ans de pratique, j’ai commencé à perdre ma langue maternelle en seulement deux ans, a-t-il averti. Tous les deux mots, ma mère me corrigeait car je mélangeais le français et l’anglais sans m’en rendre compte. J’ai réintégré progressivement le français dans la vie de tous les jours pour le préserver. Pour la plupart d’entre vous, le français est votre deuxième ou troisième langue, mais nous sommes dans le même bateau et confrontés au même défi : conserver cette langue dans un environnement majoritairement anglophone. »

L’artiste a ainsi fait prendre conscience à tous ces jeunes que le français était bien plus qu’un simple devoir scolaire, mais un réel atout qui ouvre l’esprit et élargit les opportunités de carrière. Prenant l’image d’une balance imaginaire, il a demandé à chacun de placer ses centres d’intérêt en fonction de la langue utilisée pour chacun d’eux. « Tout ce que vous faites en anglais existe en français car la francophonie est une culture à part entière avec ses radios, ses livres, sa communauté, etc. C’est à vous de rééquilibrer la balance pour vous épanouir dans le bilinguisme. »

« Faire sortir le français des salles de classe, montrer que le français est une langue vivante avec laquelle on peut dialoguer, travailler et se cultiver, tout en s’amusant, c’est la mission que s’est donnée le Français pour l’avenir, indique Emeline Leurant, coordonnatrice des programmes. DJ UnPier est la preuve que la francophonie est vivante en Ontario. »

Deux ans après Oakville, le retour du Forum local dans la région de Halton illustre les fortes attentes des écoles d’immersion. Reste à convaincre les conseils scolaires francophones de participer à ce type de rencontre, une opportunité supplémentaire de valoriser les échanges entre élèves dans un cadre récréatif.

« On a tout intérêt à s’ouvrir aux écoles francophones, plaide Élie Dossou-Yovo, maître de cérémonie. Les élèves sont demandeurs et voudraient établir plus de connexions avec les francophones pour interagir, progresser en français, découvrir leur culture, leurs points de vue. Cela montre aussi que la communauté existe et leur offre une meilleure perception de la francophonie. »

Ce jeune ambassadeur national de l’organisme parle d’un blocage d’ordre institutionnel : « C’est à nous de convaincre nos écoles de participer. Ce forum est un premier pas », ajoute cet enthousiaste élève en 11e année à Gaétan-Gervais, première école francophone à participer au forum local de Halton.

Photo (couverture) : DJ UnPier a raconté les défis auxquels il a dû faire face pour conserver sa langue maternelle.