Slimane Zeghidour, auteur et ancien grand reporter de guerre, était invité à l’Alliance française de Toronto pour parler de sa carrière et du rôle du journaliste dans l’opinion publique et sur le terrain.
Depuis quelques années, le métier de journaliste a bien changé. La production journalistique est concurrencée par le développement d’Internet et des réseaux sociaux. Il est vrai que ce n’est pas forcément le journaliste qui témoigne en premier de ce qui se passe sur le terrain. Muni d’un téléphone intelligent, n’importe qui peut mettre en ligne des vidéos sur les réseaux sociaux, et ce, bien avant l’arrivée des médias.
« Les images nous précèdent et nous n’y pouvons rien. Parfois, nous arrivons en retard, mais notre travail est plus professionnel », confie Slimane Zeghidour. Mais le journalisme restera une nécessité indispensable et le reporter de guerre explique : « En tant que journaliste, nous sommes responsables des images que nous diffusons, donc nous les filtrons, nous les authentifions, ce qui n’est pas le cas pour les images mises en ligne par le grand public ».
Et pourtant, les médias sont constamment attaqués, notamment par les politiciens et l’opinion publique. Nous le voyons notamment aux États-Unis avec les accusations répétées du président Donald Trump proférant les mots « Fake News » dans de nombreux gazouillis. Cependant, pour Slimane Zeghidour, de ce mal peut venir un bien. « Il y a une énorme tradition de presse d’investigation aux États-Unis. Elle commençait à s’effilocher. Et là, je trouve que ça reprend du poil de la bête », glisse-t-il.
Cependant, ce ne sont pas les seules attaques que subissent les journalistes. Dans les conflits armés, ils sont devenus une monnaie d’échange: « Si on prend en otage un reporter, le prix peut être d’un million de dollars. On est devenu une proie qui peut ramener de l’argent dans certaines régions ».
Plus que des proies, les journalistes peuvent même devenir des cibles. C’est le cas de Marie Colvin, reporter américaine, tuée à Homs en Syrie en 2012 et dont la famille affirme qu’elle a été visée par une frappe volontaire du gouvernement syrien.
Slimane Zeghidour voit également un autre changement : les relations entre les journalistes. « Avant nous étions très solidaires sur le terrain, dit-il. Nous étions comme des combattants. Maintenant, la concurrence entre les journaux, le narcissisme et l’égoïsme des journalistes font que chacun considère l’autre journaliste comme son ennemi, parce qu’il a peur qu’il prenne la photo avant lui et qu’il ne soit pas le premier à avoir le scoop ».
On le voit, le métier de journaliste est en constante évolution et il est de plus en plus difficile, voire même dangereux, de faire son métier mais il reste nécessaire pour informer l’opinion.
PHOTO: Slimane Zeghidour