Si les mots équations, algorithmes, et théorèmes vous donnent des maux de tête, le documentaire Comment j’ai détesté les maths et la discussion qui s’en est suivie vous concernait aussi! Ce fut un vrai casse-tête chinois, le mardi 18 novembre, pour trouver une place dans la salle comble du théâtre de l’Alliance française pour la venue du mathématicien Cédric Villani et la diffusion du documentaire d’Olivier Peyon. 

Ce mathématicien français décoré de la médaille Fields qui récompense les plus grands mathématiciens de moins de 40 ans était à Toronto à l’occasion d’un colloque de l’Institut Fields organisé en son honneur. Pour ce troisième café scientifique de la saison organisé par le Consulat de France à Toronto, la projection du documentaire s’est suivie d’une discussion animée par le professeur Robet McCann, en présence du réalisateur Olivier Peyon, de Cédric Villani et de Matheus Graseli, directeur adjoint de l’Institut Fields.

Comment j’ai détesté les maths plonge le spectateur au cœur des mathématiques : de leur apprentissage à leur compréhension en passant par leur utilisation sans oublier la recherche scientifique. Olivier Peyon ouvre le regard du spectateur sur ce monde chiffré qui a bouleversé nos sociétés. Au programme : séminaires aux quatre coins du monde où se rencontrent les plus grands mathématiciens dont Cédric Villani, la cérémonie de remise de la médaille Fields en 2010 en Inde, cours de mathématiques dans une classe scientifique d’un lycée parisien et explication de la crise des subprimes. 

Si les mathématiques ont toujours fasciné tant par leur complexité que par les possibilités infinies qu’elles suggèrent, on reproche souvent aux mathématiciens « de tuer le réel » constate Cédric Villani. Autre enjeu abordé par Olivier Peyon dans son œuvre, celui de l’éducation, du partage du savoir et des stratégies d’apprentissage des maths car, après tout, ce qu’il faut savoir enseigner, c’est comment « bien penser ». 

Après la projection du documentaire, le panel de mathématiciens a tenté de répondre à une foule de questions portant, entre autres, sur l’esthétique des mathématiques, leur aspect démocratique et élitiste ou encore leur lien avec la musique. Cédric Villani explique que « parfois les équations apparaissent sous une forme magnifique » et qu’au fond, cela repose sur « la vieille idée grecque que ce qui est beau est aussi bon ». 

Quant à Robert McCann, il raconte qu’il lui faut trouver une histoire pour pouvoir illustrer le contenu de ses maths. Il ajoute que jouer du violon à un niveau professionnel l’a aidé dans son raisonnement, sa préparation et sa pratique des mathématiques. Cédric Villani, grand amateur de musique, vient pourtant modérer le lien avec la musique et les maths qui est selon lui surévalué. « Lorsqu’un mathématicien écoute de la musique, il n’entend pas les nombres », ironise-t-il.

Grand succès que signe ce café scientifique fort en chiffres, algorithmes et discussions sur l’avenir des mathématiques. Alors adeptes ou non des divisions et équations, si vous avez manqué cette discussion, le documentaire Comment j’ai détesté les maths est désormais disponible en DVD.

Photo : Le panel d’invités. De gauche à droite : Robert McCann, Cédric Villani, Matheus Graseli  et Olivier Peyon