Le Golem au XXIe siècle

Cette année l’Halloween tombait un lundi. Un désagrément qui n’arrêtait pas les férus du déguisement monstrueux qui, l’avant-veille, parcouraient la ville vers leurs lieux de villégiatures respectifs !

L’Alliance française, elle aussi, avait souhaité marquer le coup et si les spectateurs étaient vêtus de manière pour le moins traditionnelle, ils s’apprêtaient à assister à la naissance du terrible et monstrueux Golem lors d’un ciné-concert avec l’artiste Josh Socalled Dolgin.

« On ne sait pas ce qu’on fait, mais ça va être génial! Peut-être… », lance Socalled à la salle du théâtre Spadina au début de la représentation.

Pianiste, compositeur, magicien, créateur de marionnettes, l’artiste à l’allure de savant fou s’est créé un univers pop et fantasque qui a su charmé aussi bien la France que le Québec, lui qui a été nommé deux fois pour les prix Juno.

Du rap à l’accordéon, Socalled s’est notamment fait connaître par le hip-hop klezmer, branche musicale très éclectique qui revisite les musiques juives.

C’est d’ailleurs à l’un des grands monstres de la mythologie juive que s’attaquait l’étrange pianiste-dj ce soir-là à l’Alliance, le Golem.

Ancien mythe de la ville de Prague qui aurait inspiré le monstre de Frankenstein de Mary Shelley, le Golem a passionné plus d’un artiste dont le réalisateur allemand Paul Wegener qui réalisera le film Le Golem en 1915.

Socalled accompagné de deux musiciens au violon et à la guitare s’incorporait au film muet en noir et blanc du début du XXe siècle.

L’ambiance était pesante alors que le sorcier créait Le Golem invoquant les pouvoirs obscurs de l’autre monde. La salle éclatait de rire quand, pour signer une réception de l’empereur, du Michael Jackson se faisait entendre.

Les images en noir et blanc et le jeu d’un siècle passé trouvaient une nouvelle résonance au son du beat entraînant du dj survolté. Les spectateurs se laissent emporter dans l’aventure du Golem et de son créateur dans une ambiance entre frissons et rires à la vue de ce monstre devenu, malgré lui, un monstre pop.