La 16e édition du festival du film imagineNATIVE débutera le 14 octobre et durera jusqu’au 18, déroulant de fait tout un panel de productions portées et réalisées par des autochtones. Gagnant en influence, l’évènement permet de donner plus de portée à la voix des Premières Nations.
Cette année, une dizaine de films et documentaires seront à l’affiche dont Le Dep de Sonia Boileau, qui retrace l’histoire d’une jeune employée de dépanneur aux prises avec un vol à main armée. « C’est la première fois que j’ai un film qui joue au festival, se réjouit la réalisatrice d’origine Mohawk. C’est super génial! ».
Très attachée à ce type de production, Mme Boileau est satisfaite de le voir prendre de l’importance. « Ça ne fait que commencer, affirme-t-elle. Au début, il y avait très peu de place pour cela car que je pense qu’avant nous n’étions pas prêts, que le public canadien n’était pas près car cela relate des faits difficiles à accepter. On doit faire du mainstream pour toucher plus de monde. »
Le tournage de Le Dep fut ardu, en raison notamment de la limite de financement fixée à 250 000 $ afin de respecter le système du microfinancement. Un exercice de taille pour Sonia Boileau qui présente là son premier long métrage dramatique.
« C’est un film à huis clos qui se déroule dans un dépanneur, au sein de la communauté Innue, explique-t-elle. Lydia (Ève Ringuette) ferme le commerce quand elle se retrouve avec un pistolet pointé sur la tempe, par une personne qu’elle reconnaît. »
Attiré par la caisse remplie de l’argent de l’aide sociale en ce premier jour du mois, le criminel (Charles Buckell-Robertson) et l’employée vont devoir se confronter. « Je voulais mettre en valeur un personnage féminin, ajoute-t-elle. Nous vivons encore à l’ère des femmes autochtones disparues et je voulais montrer que les émotions dans les communautés éloignées sont universelles. N’importe quel être humain, s’il était confronté à cela, réagirait de la même façon. Il ne faut pas marginaliser mais parler plutôt de conditions de vie. »
Avant Le Dep, Mme Boileau avait principalement réalisé des documentaires sur des sujets similaires, inspiré par l’existence de son père. « Ça a un lien avec mon attachement et mon détachement de cette culture, confirme-t-elle. Je veux redonner l’estime de soi et le goût de vivre aux jeunes autochtones, faire des émissions positives. » Le changement est dans l’air selon elle, plus de jeunes veulent être éduqués, comme une transition entre la victimisation et le sentiment que les clés du futur sont dans leurs mains.
Évidemment, d’autres réalisateurs de qualité tels Rene Naufahu ou encore Zacharias Kunuk seront de la partie. Plusieurs autres films seront présentés, à l’instar de Esprit de corps, The Dead Lands et Historias de la Sierra Madre.
Éparpillée dans plus plusieurs espaces, dont le TIFF Bell Lightbox et le cinéma Bloor Hot Docs pour les projections, le musée Gardiner et le Trinity square pour les expositions, cette 16e édition du festival imagineNATIVE promet d’être grandiose.
Photo: Eve Ringuette dans le film Le Dep