Pour son dixième anniversaire, le Toronto Comics Arts Festival (TCAF) – le Festival de la bande dessinée torontoise – a une nouvelle fois fait fort. Pour ceux qui se souviennent, il y a dix ans, ce festival n’était constitué que de quelques tables et de quelques tentes derrière la librairie du Beguiling. Pour les braves qui se souviennent de cette époque où Seth, Chester Brown et Joe Matt venaient prêter main-forte. Seth et Joe Matt ont depuis quitté Toronto, respectivement pour Guelph et Los Angeles. Chester Brown est resté, il fait aujourd’hui figure de gardien du temple. Ses cheveux ont poussé et il déambule énergiquement dans les allées du festival. Lorsqu’il se poste derrière sa table, une file gigantesque se forme pour obtenir un dessin au dos d’un livre.

TCAF, ce sont 20 000 visiteurs uniques au moins (les chiffres officiels ne sont pas encore communiqués) et des centaines d’auteurs, venus des quatre coins du monde. TCAF, c’est l’ensemble de la Bibliothèque de référence réquisitionnée pour l’occasion, un marché de la bande dessinée, et des rencontres.

TCAF, c’est également le festival d’Amérique du Nord hors Québec le plus à la pointe de la bande dessinée francophone. Jimmy Beaulieu, auteur québécois, commence à y avoir ses habitudes. Sa comédie sentimentale pornographique s’y vend bien. Il est visiblement ravi d’être là. Pas très loin de lui, Michel Rabagliati, l’auteur de la série à succès des Paul (à Québec, au parc, etc.), tout sourire, enchaîne les dédicaces. Vainqueur du prix du public au dernier festival d’Angoulême, il lance « Le TCAF? C’est super! » Tandis que le dessinateur de presse Daniel Shelton notait la « curiosité des anglophones envers la bande dessinée francophone, même si leur français est rudimentaire ».

Le contingent français est également bien représenté avec l’auteur Boulet, célèbre pour son site Internet, sur lequel il poste régulièrement ses planches de bandes dessinées plus ou moins autobiographiques depuis bientôt 10 ans. Le personnage qu’il met en scène est roux, maladroit, rêveur, féru de sciences et de science-fiction.

Parmi les auteurs français présents, Peeters, l’auteur des Pilules bleues, l’histoire émouvante d’un couple dont la femme vit avec le VIH, et de beaucoup d’autres albums. Blutch, auteur de Total Jazz notamment. Et enfin, David B, peut-être le plus mystérieux des bédéistes, celui qui repousse les frontières du neuvième art le plus loin.

De l’avis général, le public du festival est particulier. S’il compte son lot de « nerds » habituels, et de jeunes gens déguisés en personnages de manga, il est également plus diversifié que celui des autres festivals. Plus hétérogène et plus féminin également.

Photo : Des centaines d’auteurs etquelque 20 000 visiteurs se sont retrouvés à la Bibliothèque de référence, là où avait lieu le Festival.