« On va préparer la main-d’oeuvre différemment » : une petite phrase de Normand Labrie, recteur par intérim de l’Université de l’Ontario français, qui en dit davantage que ce qui semble à première vue. La future institution d’enseignement supérieur se caractérisera en effet par son approche novatrice ancrée de plain-pied dans les réalités actuelles. M. Labrie, invité par le Club canadien à l’occasion du dîner-conférence du mercredi 12 septembre, a répondu aux questions de Marjorie April, animatrice à la Société Radio-Canada, au sujet de ce que sera cette université.
À l’intention de ceux qui ont quelques doutes quant à la viabilité du projet dans un contexte politique et budgétaire que d’aucuns jugent rempli d’incertitude, M. Labrie a assuré que l’université repose sur des bases concrètes puisqu’ayant déjà des assises décisionnelles et administratives. Qui plus est, tous les partis à l’Assemblée législative se sont engagés à soutenir la création de cette institution.
Ces inquiétudes dissipées, le recteur par intérim a présenté les quatre premiers programmes qui seront offerts à l’Université de l’Ontario français : Pluralité humaine, Environnement urbain, Culture numérique et Économie mondialisée. Répondant à la remarque de Marjorie April à l’effet que ces noms et les matières qu’ils désignent semblent plutôt abstraits, Normand Labrie a expliqué que ces domaines ont été choisis parce qu’ils sont parfaitement en phase avec le XXIe siècle et qu’ils concernent l’ensemble de la société.
L’Université de l’Ontario français, a poursuivi M. Labrie, adoptera une pédagogie axée sur la transdisciplinarité, en ce sens que les cours seront élaborés de façon à ce que les étudiants acquièrent des compétences flexibles et donc adaptées à un marché de l’emploi en constante évolution. C’est sur ses méthodes et sa démarche avant-gardiste que l’institution entend d’ailleur bâtir sa notoriété, tant ici qu’à l’étranger. Normand Labrie a cité en exemple l’Université libre de Bozen-Bolzano, qui dessert la minorité germanophone en Italie et qui est classée parmi les dix premières institutions au palmarès des meilleures petites universités (moins de 5000 étudiants), comme un modèle à imiter.
Là ne s’arrête pas la vision des promoteurs de l’Université de l’Ontario français chez qui, manifestement, l’ambition va de pair avec l’efficacité. Ainsi, l’université pourrait abriter en ses murs plusieurs organismes, non pas uniquement dans une perspective de cohabitation, mais bien de collaboration. Comme M. Labrie l’a expliqué, la vie universitaire et associative pourrait s’enrichir mutuellement et, pour les étudiants, cela pourrait se traduire par des expériences d’apprentissage innovatrice. « C’est cette vision de créer un pôle, une synergie transformative pour la communauté francophone », a résumé Normand Labrie, insistant sur la nécessité, pour l’Université de l’Ontario français, de ne pas devenir une tour d’ivoire dissociée de son milieu.
Ce dîner-conférence du Club canadien a fait salle comble, tous les billets s’étant envolés très rapidemment. La prochaine activité de l’organisme consistera, le 25 octobre prochain, en un cocktail dînatoire et causerie avec Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles du Canada.
PHOTO (couverture) : le recteur par intérim de l’Université de l’Ontario français était l’invité du dîner-conférence.