Le Club canadien de Toronto et son équivalent anglophone ont joint leurs efforts pour sensibiliser leurs membres respectifs à la place grandissante des innovations technologiques au sein de l’économie mondialisée. Pour ce faire, un panel réunissant trois personnalités très au fait de ce domaine fut réuni dans le cadre du déjeuner-conférence du 15 novembre dernier.
Andrée-Lise Méthot est fondatrice et directrice associée de Cycle Capital Management, la plus importante plateforme de capital de risque en technologie verte au Canada avec 355 millions $ sous gestion. Elle est également, entre autres responsabilités, fondatrice et présidente du conseil d’administration (CA) de l’Accélérateur Ecofuel. De son côté, Jim Balsillie préside le CA de Technologie du développement durable Canada et celui du Conseil canadien des innovateurs. Cependant, il est davantage connu pour avoir été président et co-directeur-général de Research in Motion (BlackBerry), une entreprise qu’il a fait passer d’un simple concept à un géant commercial ayant atteint le chiffre d’affaires de 20 milliards $. Quant à Louis Têtu, il s’est illustré en cofondant et en dirigeant Taleo, devenu le leader mondial des logiciels de recrutement en service internet. Il est aujourd’hui président et chef de la direction de Coveo, qui occupe le premier rang mondial dans le secteur des technologies de personnalisation digitale par intelligence artificielle.
Que trois Canadiens occupent des fonctions aussi influentes ne devrait pas faire illusion sur la place du Canada, dans le monde, quant aux stratégies en matière d’innovation. En fait, les panélistes se sont montrés plutôt critiques quant à l’indolence des décideurs tant des secteurs public que privé. De nombreuses idées sont souvent mises sur la table et les Canadiens aiment bien élaborer des « visions » d’avenir sensées dépeindre des objectifs à atteindre; or, les applications concrètes de ces idées de grandeur sont, règle générale, limitées. « Ce n’est pas la faute des gouvernements, a cependant précisé Mme Méthot. On a des gouvernements ce qu’on leur demande. »
Les politiciens ne sont néanmoins pas exempts de fautes. Les panélistes se sont ainsi montrés préoccupés par leur indulgence et leur naïveté à l’endroit des compagnies étrangères. Bon nombre d’entre elles, en s’établissant au Canada, se distinguent par leur comportement de prédation au détriment des entreprises canadiennes, en recrutant leurs employés les plus compétents par exemple.
C’est dire combien les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle sont des domaines extrêmement compétitifs. Le Canada saura t-il relever ces défis du XXIe siècle? Vaste sujet de réflexion pour les membres du Club canadien et du Canadian Club.
PHOTO : De gauche à droite : Louis Têtu, Andrée-Lise Méthot et Jim Balsillie