Les temps sont durs pour les entreprises. Mais qu’en est-il du milieu communautaire francophone? L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) s’est penchée sur cette question en faisant un sondage entre les 19 et 27 mars auprès de 107 organismes à but non lucratif, 12 organismes à but lucratif et 12 institutions.

L’impact de la pandémie se fait sentir sur tout le monde mais avec des variations d’un secteur d’activité à l’autre. Que les services et programmes soient affectés n’est pas tellement une surprise; mais que le financement inquiète tant de répondants n’est guère rassurant. Deux sur trois (66,41 %) affirment que leur organisme subit présentement des pertes financières et, parmi eux, la même proportion de répondants (67,06 %) vont jusqu’à dire que cette situation met en péril leurs activités. Les représentants d’institutions font aussi état des mêmes problèmes mais dans des proportions légèrement moindres (58,33 % et 42,86 % respectivement pour ces deux questions).

Les pertes financières entraînent leur lot de mises à pied : 12 % des organismes ont reporté avoir dû se séparer d’employés de façon permanente et 46,4 % de manière temporaire. Encore une fois, les institutions résistent un peu mieux à la crise puisque 40 % ont reporté des mises à pied.

La COVID-19 a des effets dévastateurs sur les organismes à but lucratif (coops, entreprises d’économie sociale) : neuf sur dix subissent des pertes financières, 27,27 % ont reporté des suppressions de postes permanentes et 54,5 % temporaires.

Le sondage reporte également que près d’une organisation sur cinq n’a pas les outils nécessaires pour passer en mode télétravail.

L’AFO s’est également enquis de la satisfaction des organismes quant aux politiques d’aide des gouvernements. Plusieurs admettent ne pas connaître parfaitement ce qui est offert pour déterminer si le soutien gouvernemental fait une différence dans leur cas. Une organisation sur cinq dit qu’aucun programme ne s’applique à elle. Entre ces extrêmes, la proportion de répondants disant que les programmes sont adaptés aux besoins de leur organisme varie en fonction de son type et du gouvernement en question. De façon générale, une majorité d’organismes et d’institutions ne considèrent pas l’aide gouvernementale comme adaptée ou suffisante.

L’AFO conclut son rapport (disponible sur le site web de l’organisme) par une série de recommandations pour aider le milieu communautaire francophone à surmonter ses difficultés. Les auteurs du document admettent la complexité de la tâche qui attend la francophonie ontarienne : « Le travail de l’AFO sera immense au cours des prochaines semaines, car ces recommandations doivent être mis en œuvre très rapidement. Les besoins sont maintenant. C’est un moment pour nos organisations et l’AFO de faire preuve d’innovation afin de maximiser le nombre de services pouvant être offerts et de collaborer avec les instances gouvernementales pour assurer leur survie. La continuité des services, le financement et la formation demanderont des approches peu ou jamais utilisées par nos organisations. L’AFO a une opportunité de saisir son rôle de meneur de la vie franco-ontarienne et elle doit la saisir pour le bien de son réseau. »

Le dossier demeure donc à suivre. Même si plusieurs entrevoient la fin prochaine de la crise au cours du printemps, il n’en demeure pas moins que les conséquences de la pandémie se feront sentir encore longtemps et rien ne garantit que le virus ne se manifestera pas à nouveau après une accalmie. Les organismes et institutions ont par conséquent tout à gagner à se serrer les coudes et à se préparer au pire.