L’auteur torontois Gabriel Osson, qui s’est notamment fait connaître du public avec le roman Hubert, le restavèk, a été élu président de l’Association des auteurs et auteures de l’Ontario français (AAOF) lors de l’assemblée générale annuelle (AGA) de l’organisme le 9 juin dernier à Ottawa. M. Osson, qui était jusque-là vice-président, succède ainsi à Éric Charlebois et entame un mandat de deux ans.
L’auteur se fixe plusieurs priorités dans ses nouvelles fonctions. Une des plus ambitieuses et des plus urgentes vise à soutenir l’industrie du livre francophone mise à mal par les pertes de revenus des libraires et l’attraction exercée par l’internet dans les habitudes et les loisirs des consommateurs. « Dans les 10 dernières années, plusieurs librairies francophones ont fermé leurs portes à Toronto, Sudbury et Ottawa, relate M. Osson. Ce qu’on veut mettre de l’avant, c’est de demander au gouvernement de l’Ontario de mettre en place une politique du livre et de l’achat. »
En effet, les écrivains et éditeurs franco-ontariens se trouvent désavantagés par le fait que le Québec se soit doté, en 2015, d’un Plan d’action sur le livre visant entre autres à promouvoir les auteurs québécois, à soutenir les librairies agréées et à obliger les commissions scolaires à s’approvisionner en livres sur le marché local. L’industrie franco-ontarienne du livre voit donc son accès à la « Belle province » être tant soit peu restreint par ces politiques préférentielles. Or, puisque rien de tel n’existe en Ontario, les éditeurs et écrivains québécois ont toute la latitude voulue pour s’y faire connaître et y écouler leurs produits. L’AAOF souhaiterait donc que le gouvernement ontarien emboîte le pas en protégeant et promouvant la littérature francophone d’ici de la même manière, tant dans les librairies que dans les écoles.
L’association fourmille d’idées et ce ne sont pas les projets qui manquent. La recherche d’une meilleure représentativité des styles et des communautés au sein de l’AAOF est un de ces objectifs. Mettre l’accent sur la relève s’avère également d’une grande importance : « On a des activités qui fonctionnent bien, constate Gabriel Osson. Ce qu’on veut faire, c’est poursuivre avec ce qui a fait ses preuves et mettre l’emphase sur la jeunesse ». Parmi les mesures étudiées, l’une consisterait à créer une membriété spéciale pour les élèves même si ceux-ci n’ont encore rien publié. Leur intérêt et leurs talents pourraient être testés par la soumission d’un texte qui serait examiné par des membres de l’association.
Le Métropolitain a également appris en primeur que l’AAOF mettra sur pied, dès septembre prochain, une série de lectures publiques mensuelles qui se tiendront à la Bibliothèque de référence à Toronto et qui se dérouleront pendant un an (sauf pendant l’été). Chaque mois, un auteur franco-ontarien viendra faire la lecture d’extraits de ses oeuvres et dialoguera avec le public.
L’AAOF verra donc la gamme de ses interventions s’élargir encore davantage, elle qui compte déjà une programmation bien fournie. C’est d’ailleurs ce qu’a révélé le dépôt du rapport annuel à l’AGA. Programme de compagnonnage (mentorat), partenariat avec divers salons du livre, Cercles littéraires (occasions de rencontre entre écrivains), Tournée des auteurs, Bateau-livre (croisière sur l’Outaouais avec une séance de lecture publique), Programme d’appui aux rencontres, animations et ateliers littéraires, etc. : ce ne sont pas les activités qui ont manqué cette année quoique, manifestement, l’équipe de l’AAOF aurait voulu en faire davantage.
L’organisme compte néanmoins sur plusieurs sources de financement qui lui assurent une marge de manœuvre et une certaine sécurité. Outre ses propres revenus (cotisations, dons, etc.), l’AAOF bénéficie aussi de l’appui du Conseil des arts de l’Ontario, de la Ville d’Ottawa, de Patrimoine canadien et, depuis le dernier exercice financier, du Conseil des arts du Canada. Deux employés à temps plein tiennent la barre de l’organisme au quotidien auxquels s’ajoutent d’autres collaborateurs sur une base contractuelle, temporaire ou à temps partiel.
L’AAOF fête cette année ses 30 ans. Gabriel Osson prend donc les rênes d’une véritable institution avec des assises solides et qui a fortement contribué à la promotion de la culture. Forte de ses 177 membres, un nombre qui tend à s’accroître au fil des ans, l’association travaille sans relâche à la défense et à la promotion des intérêts des auteurs de l’Ontario français et à la promotion de leur art.